Charles Trenet « Fleur bleue »
(…) On envoie des pneumatiques à fleur bleue
Les dimanches sont poétiques, tous fleur bleue
On se met du cosmétique dans les cheveux
Oui parbleu, pour fleur bleue
On jure que l’on s’adore tous les deux
Et l’on jurerait encore si fleur bleue
Ne vous plaquait, ça c’est vache pour un dragon à moustache
Ah morbleu
Elle n’est pas revenue, mystérieux
Charles Trenet (18 mai 1913 – 19 février 2001) nous a quittés il y a juste 20 ans, à 87 ans.
Paroles et Musique Charles Trenet. Enregistré en 1937 en 78 tours deux titres avec « Je chante ».
En 1937 il a 24 ans, et déjà une carrière de chanteur en duo avec le pianiste suisse Johnny Hess depuis 1933. D’abord auteurs pour Jean Sablon (Vous qui passez sans me voir, musique Paul Misraki), ils deviennent le duo Charles & Johnny apprécié des cabarets comme Le bœuf sur le toit. Appelé sous les drapeaux à Istres, Charles devient « Le fou chantant » à Marseille et compose ses premiers succès en solo. Si Je chante est encore composé par Misraki, la face B, Fleur Bleue, de ce premier 78 tours est de lui, Paroles et Musique. Ce sont ses premiers succès avec Y’a d’la joie, d’abord confiée à Maurice Chevalier, puis qu’il grave à son tour en 1938. C’est ainsi qu’il commence la carrière d’auteur-compositeur-interprète que l’on sait, tournant de nombreux films musicaux (La route enchantée, Je chante, Romance de Paris) dont il crée les chansons, avec une éclipse relative dans les années 60-70. C’est un québécois qui le relance en 1983, mais déjà Higelin l’avait fait venir en 1977 au Printemps de Bourges, où il reviendra triomphant en 1987. Brassens est son grand ami et chante ses chansons avec lui (Le Grand Café, Tout est au duc, Le Petit Oiseau), sans lui ( écoutez le reprendre ce même Fleur bleue) ou avec Aznavour (Boum). Les académiciens (français) de 1983 doivent se repentir, dans leur oubli posthume, de l’avoir refusé, rattrapés par ceux de l’Académie des Beaux Arts… Après un dernier concert en 1999 Salle Pleyel il décède à Créteil et est inhumé dans son caveau familial de Narbonne.
Trenet a inventé la chanson française moderne, qui a du sens et du rythme, et le concept d’auteur-compositeur-interprète. Dès les débuts ses chansons mêlent gaieté, voire burlesque, et tragique – Je chante, sur cet air si joyeux, est entonné par le fantôme d’un vagabond qui s’est pendu… et la si romantique Fleur bleue finit mal, mais de façon loufoque. La fantaisie côtoie la poésie et la ballade, le jazz. Reprises par Charles Aznavour, M, Catherine Ringer, Benjamin Biolay, Carla Bruni ou Avalon jazz, mais aussi vous ou moi, on dansera longtemps sur ses chansons [qui] courent encore dans la rue… 84 ans après !
A l’occasion des 20 ans de sa disparition on peut (re)voir, jusqu’au 21 mars 2021 le beau documentaire de Philippe Kohly sur France 3, ou les entretiens du Hall de la chanson. Ecouter en direct ou en différé le dimanche à 12h30 Tour de chant, sur France Musique, 4 émissions du 7 au 28 février. Quant aux livres, on doit bien en trouver à ce jour une cinquantaine – on ne saurait que conseiller celui, posthume doublement, illustré par Cabu qui l’a aussi chanté, publié en 2018 chez Robert Laffont. Deux publications récentes, Trenet Hors-chant, par Jacques Plessis (Kennes Société) et La révolution Trenet, de Valentin Schmite (Editions EPA).
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