Vincenot, le boulimique de chansons et poésies
Matthias Vincenot est un boulimique. Il est sur beaucoup de terrains où se côtoient, se fécondent la poésie et la chanson, en crée au besoin. Il écrit. Écrit beaucoup. Et publie en abondance : des essais, des recueils de poèmes, anthologies et pas mal d’autres ouvrages encore. Petite faiblesse : il collectionne les titres et les honneurs. Et semble cultiver un jardin d’adresses impressionnant. C’est ainsi que cet ouvrage est préfacé par un certain Jean-Pierre Jouyet, homme politique et haut fonctionnaire, sous les feux de l’actu lors de l’affaire « Jouyet-Fillon », qui semble connaître la chanson.
Ce livre est Chroniques des temps, un recueil des chroniques de Matthias publiées de 2015 à 2020 sur le bimestriel FrancoFans, dans sa rubrique « Le mot et la note », chaque fois deux colonnes de ce magazine, quelque peu décalées du contenu de chaque numéro pour tenter de prendre de la hauteur et réfléchir sur l’étrange et chaotique compagnonnage de la poésie et de la chanson.
« Si [la poésie et le chanson] c’était la même chose, un seul mot suffirait. Si c’était totalement différent, on ne parlerait même pas de cela. Elles ne sont pas de sœurs mais des cousines. Elle s’associent parfois, font de belles rencontres, mais ne se mélangent pas ».
Il n’est pas rare (là, j’en parle en connaissance de cause) qu’un chroniqueur rassemble et émigre ses chroniques sur un autre support, un livre. Les rassembler c’est plus encore en voir la cohérence, pour les lecteurs comme pour l’auteur. C’est mesurer le parcours. Avoir l’illusion de mettre ses écrits à l’abri, leur donner la chance d’un nouveau lectorat.
Vincenot est de ceux qui peuvent librement parler de chanteurs fort différents, de la grande variété comme d’autres à l’ombre des médias, sans qu’il y ait dissonance en ses propos : de toute façon, la poésie se niche partout. C’est d’ailleurs ce qu’il fait, en vrai, chaque année sans pandémie, au festival de Concèze, les proposant sur scène avec des poètes. Il ne fait guère autre chose ici. En faisant parler la chanson quand celle-ci chronique notre société et ses travers, osant des parallèles avec de grands écrivains, d’éminents poètes.
C’est intelligent, ça se lit facilement, ça remet utilement quelques idées en place. Je vous le recommande.
Michel KEMPER
Matthias Vincenot, Chroniques des temps, Éditions de Passy 2021. 128 pages, 15 euros. Le site de Matthias Vincenot, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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