Faby Perier, elle chante encore
Dès l’intitulé du disque, Entre ciel et terre, à plus forte raison en chaque chanson, on cherchera, même à son insu, des indices, des mots qui prennent plus de force encore, des qui préparaient aux adieux. On croit en trouver, comme dans ce titre qui ouvre l’album : « Comme un oiseau lyre / Partir seul sur les cimes / Comme un oiseau libre / un dernier envol… ».
Voici le dernier opus de Faby Perier, dernier au sens d’ultime. L’album posthume d’une dame qui, au quotidien, menait une lutte sans repos ni répit contre le cancer, en sus de sa vie de tous les jours, en sus de son métier d’artiste. Le disque est là, qui montre qu’elle a au moins gagné ce combat artistique qui, on le comprend, lui tenait à cœur.
Il y a quelques mois, elle signait un livre autobiographique dévoilant sa vie, ses drames déjà pour partie révélés en de précédentes chansons. Elle y revient ici, dans Tout n’est pas magique : « La cruauté d’l’enfance / T’as fait grandir trop vite ». Les mots sont lourds, qui cachent en leur sein le souvenir jamais effacé des épreuves juvéniles : « Tu as toujours été / Une petite fille rêveuse / Tu as longtemps rêvé / D’un pays merveilleux / Mais les elfes et les fées / Ne sont pas tous amis ».
Cet album de seulement huit titres ne sait rien du récréatif, du futile. Il n’est pas là pour distraire mais pour témoigner par de vraies chansons, bien construites, agréables à l’écoute, qu’on aimera remettre sur la platine. L’autisme, un frère de douleurs du côté de Saïgon, une jeune Afghane vitriolée pour avoir voulu être libre…, rien n’est gaieté. Seule une chanson sur l’actuelle pandémie exhale l’espoir, au moins le grand mérite du personnel soignant : « Quand le masque tombe / L’homme se révèle / Il n’est pas un héros / Il est juste un homme ». C’était lors de la première vague : « Sur la planète / Les marchés fondent / Mais à nos fenêtres / Les mains se tendent ». Solidarité fragile, on n’applaudit déjà plus à vingt heures pétantes.
Thomas Cogny, son réalisateur, compositeur et arrangeur (avec Baptiste Braman, et Arnaud Dembo), aux guitares et clavier, Frantxoa Erreçarret (batterie et percussions) et Thomas Labarbe (basse) sont les présents complices de Faby Perier. Orchestrations sobres, parfois soutenues par une batterie efficace, qui toujours soulignent et servent au mieux le propos. Du beau travail.
Faby Perier est désormais Entre ciel et terre, quelque part en nos têtes. Ses chansons sont versées à notre patrimoine. Faites-leur belle et grande place.
Michel KEMPER
Faby Perier, Entre ciel et terre, 2020. Le site de Faby Perier, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
L’enfant-lune, animation Héloïse Ferlay
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