Benin père et fils, transmission de poésie
« Comment fait-il cet iconoclaste Luc, auteur de son état et poète charnel, pour célébrer avec autant de ferveur et de simplicité l’instant, le règne végétal, la féminité, le grand large ? » Morice Benin semble encore s’étonner de son complice et ami de trente ans, Luc-Marie Dauchez. Nul n’est besoin de posséder tous les albums de Benin – les albums réguliers comme la série Pour prendre le large – de ces décennies-là pour avoir vu le nom de cet auteur, ce poète que le chanteur drômois aimait tant mettre en musique et interpréter. En guise de bougies d’anniversaire, voici vingt et un titres, dont douze inédits, dans un premier album. Premier car c’est un coffret, édition spéciale à tirage limité, qui en renferme un second. Et le second est transmission, d’un Benin l’autre. De Morice à Hugo, ce dernier dans le cadre d’Automne Blanc, duo qu’il forme avec Simon André. Transmission et partage d’auteur : sur cet album, Hugo ne chante que Luc-Marie Dauchez, dix-huit autres textes dans la familiale escarcelle.
Benin n’a jamais vraiment sollicité les médias pour faire publicité de ses productions, même les rares, très rares supports qui lui étaient acquis. NosEnchanteurs ne les connaissait donc pas tous, même les plus récents. Le hasard veut qu’EPM commercialise ce double-album de 2018 et le porte ainsi à notre connaissance au moment même où nous avons appris le décès de Morice Benin, mort la semaine passée d’une crise cardiaque. Ultime occasion pour nous d’à nouveau saluer le chanteur-poète. Et de constater ce passage de témoin, d’un Benin l’autre.
« Ma poésie tente de témoigner de la beauté des choses, de la possible quiétude de la vie. Mais elle exprime aussi la douleur de ne pas souvent pouvoir, de ne pas toujours savoir… les goûter. Elle est cette île là-bas, proche et lointaine à la fois, à laquelle aspire de toutes ses voiles mon âme de marin… » Ainsi parle de son art Luc-Marie Dauchez. Nul, doute que Benin père & fils en parlent et chantent de même.
D’une génération l’autre, la tonalité musicale change quelque peu. Le duo Automne Blanc est plus dans une chanson-rock, rythme qui sied bien aux textes de Dauchez.
Ça nous révèle, pour qui ne la connaissait pas, la voix, le timbre (qui parfois frôle celui de Cali) du fils Benin, qu’on aimerait retrouver plus souvent, en d’autres occasions, d’autres albums.
Les « fils de » font en général belle carrière s’ils sont eux-mêmes fils de stars, si leurs parents ont déjà leur rond de serviette dans les médias, s’ils sont à leur tour postulants idoles. Ce n’est pas le cas d’Hugo, auquel on souhaite d’autant plus bon vent et grand large dans ce monde de la chanson poétique. Il le vaut.
Paroles nomades (Morice Benin « L’air de rien », Automne Blanc « Besoin d’ailes »), autoproduit 2018/distribution EPM. Le site de Morice Benin, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Pour commander ce coffret, c’est là.
Merci pour ce bel article dont je viens juste de prendre connaissance. N’hésitez pas à me contacter si vous le désirez par téléphone au 0248790823 ou par courriel lmdalys@gmail.com. Luc-Marie DAUCHEZ