Morice Bénin « A chaque vie d’être vécue »
Devant cet arbre immense et calme
Tellement sûr de son amour
Devant cet homme qui regarde
Ses mains voltiger tout autour
De sa maison et de sa femme
Devant la mer et ses calèches
Devant le ciel épaule nue
Devant le mur devant l’affiche
Devant cette tombe encor fraîche
Devant tous ceux qui se réveillent
Devant tous ceux qui vont mourir
Devant la porte grande ouverte
A la lumière et à la peur
Devant Dieu et devant les hommes
A chaque vie d’être vécue.
Morice Bénin (1947-2021)
Poème de René Guy Cadou mis en musique par Morice Bénin. Extrait de l’album « Respirer » (1988)
Morice Bénin fait sien ce poème de René Guy Cadou, poète mort très prématurément à 31 ans. Dans son journal d’un saltimbanque (La vie, absolument) qui est chroniques de vie, de la façon dont il conçoit la vie, et devient pour nous une sorte de court testament philosophique où puiser, encore et toujours, espoir, il évoque sa rencontre en 1984 avec Hélène Cadou, la femme de René Guy, « la fidèle », poète également, qui lui survécut plus de 60 ans. « Elle semblait savourer chaque instant de vie, le puits profond de la vie, le genre humain ». Il a chanté pour elle le poème écrit par son mari, Hélène, ici une version de 2014, avec cette façon lumineuse, solaire de chanter.
Dans ce journal, il évoque aussi les vieux qui « se postent aux antipodes » : « il se sont préparés patiemment au grand départ, ils l’ont même intégré à leur vie, depuis longtemps. Mais ils ont le désir farouche de vivre jusqu’à la dernière goutte, intensément, de garder intacte la flamme ».
Encore en mars 2020, il chantait ce dernier album, à peine sorti, Juste l’heure. Jusqu’à la dernière goutte.
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