Catherine, sauvage interprète

Dans les hommages habituels aux interprètes féminines, d’illustres noms sont souvent cités : Juliette Gréco, Édith Piaf, Cora Vaucaire, Damia… Catherine Sauvage est la grande oubliée. C’est ce que vient réparer l’excellente biographie de Carole Wrona parue chez L’Harmattan, Catherine Sauvage, profession : interprète.

Le parcours personnel de Jeannine Marcelle Saunier, alias Catherine Sauvage (1929-1998), est longuement évoqué, ce qui permet de comprendre comment, dans ces années d’entre-deux guerres et de sombres périodes de notre Histoire, une petite fille devient une interprète bouleversante, audacieuse et engagée, une ambassadrice des mots et de la chanson. Fascinée par Charles Trénet (qu’elle ne chantera pas sur scène), au fil des rencontres, ce sont les chansons de Léo Ferré, Gilles Vigneault, Boris Vian, Henri Tachan, Serge Gainsbourg, Berthold Brecht et Kurt Weil, Jacques Prévert, Maurice Fanon ou Georges Brassens qui la rendent aimée du public. Elle travaille avec un tout jeune musicien âgé de 19 ans, un certain Michel Legrand, puis avec un autre magicien des notes, Jacques Loussier, enfin avec Didier Hu. L’époque des pianistes-accompagnateurs, dont le relais noble est aujourd’hui assuré par les Nathalie Miravette, Clélia Bressat Blum, Nathalie Fortin ou Léo Nissim. Dans les années 1980, l’oubli la rendra un peu amère, mais Catherine Sauvage continuera de chanter et d’apparaître sur la scène ou face aux caméras.

A la radio, au théâtre ou sur les écrans, toute sa vie, Catherine Sauvage se met au service de l’intelligence et de l’impertinence. Côté vie privée, il y a Brel et Pierre Brasseur, tonitruants personnages. Mais elle restera extrêmement discrète sur ces années d’amour et de déchirements, la classe !

Elle a certainement traversé la plus haute, la plus digne, la plus noble époque de la chanson. Le public aimait chaleureusement son talent, écrit Serge Lama dans la préface du livre (elle avait d’ailleurs enregistré Une île). Carole Wrona, par ce travail de biographie très fouillé, nous donne l’envie de réécouter l’immense Catherine et de lui rendre la place qu’elle mérite dans la chanson.

Carole Wrona, Catherine Sauvage, Profession : interprète, préface de Serge Lama, Editions L’Harmattan, octobre 2020, 288 pages, 29 €. Pour le commander, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Catherine Sauvage, c’est là.

Rappel : le livre de Michel Trihoreau « Sauvage-Ferré, 50 ans de chansons », cliquez ici.

Paris-Canaille (Léo Ferré) :

A tous les enfants (Boris Vian/Claude Vence) :

Jack Monoloy (Gilles Vigneault) :