Zel : le zèle est dans l’audace

Zel

C’est un trio peu commun dans la chanson, qui emprunte son art musical à plusieurs sources : classique, pop, rock, baroque… Et, dès l’entame de ses disques, de ses concerts, crée un univers dense, une ambiance où les mélodies tiennent particulièrement la corde. Zel, dans sa nouvelle formation, c’est le chanteur Marc Leroy, également aux guitare et ukulélé, et au clavier, Blandine Guiter aux violon et clavier, et Mathieu Quéraud aux batterie et percussions. Et de quelques invités, à la contrebasse, au cor, aux basse et clavier, à la guitare électrique.

Il furent quatuor, ils sont trio. À nouvelle formation, nouvelle formule, nouvelle posologie. Parfois la voix chantée disparaît, pour réapparaître au titre suivant. Un voix qui sait se faire d’une grande élasticité, allant parfois vers l’aigu. La musique se veut épure, qui tente et réussit la relation à l’intime. L’écriture, quant à elle, se veut « plus simple, plus directe ». Et c’est exploration des sentiments, de la relation au monde.

Bien entendu chaque titre est œuvre en soi, mais là plus encore. Avec sa logique, sa tension, son déroulement, sa dramaturgie. Vous accostez en urgence, « même si c’est pour un instant, pour un instant seulement / Et te garder un peu plus longtemps… »

Soudain  À vau-l’eau se fait bucolique, au moins dans les notes. On a l’impression que texte et partition offrent chacun une lecture sinon différente au moins complémentaire de la chanson qui se déroule. Se croisent, se recroisent, s’accordent. Drôle et passionnante stéréo. On n’écoute pas distraitement un tel disque (leur cinquième) : on y entre résolument, on en vit chaque mot, chaque note, regrettant l’instant qui précède, curieux et impatient de celui qui suit.

Textes élaborés, musiques soyeuses. Chaque titre pose son décor, son cadre. Et en explore le dedans, fouille l’intime, le dissèque presque : « Qu’est-ce qu’il y a dans ton cœur, qu’est-ce qu’il y a ? Il y a des pierres partout, des cailloux, des graviers / Ça bouche tous les trous, ça permet d’oublier ». Tout est en ces douze titres : le doute, l’inquiétude, la colère, la lutte, l’indifférence, la peur, le bonheur… Toutes ces émotions qui tapissent le décor de nos vies. Et qui sont là, personnages principaux ou figurants qui traversent une plage de ce disque. Et toujours ces notes, riches et sobres à la fois, remarquables, qui ponctuent ces récits…

Pour qui est curieux de la chanson, de tout ce qui fait chanson, ce production-là sera bien plus qu’une surprise, un cadeau. Pour qui ne les connaissait pas encore, Zel sera un enchantement.

Zel, A l’intérieur, La Belle Zel 2020. Le site de Zel, c’est ici.

« D’où je suis » :

« Alter-ego » :