Bertier « Grands brûlés »
Faire des vers,
c’est perdre pied,
perdre pied
Aurons-nous trouvé pour l’été
Bottillons à nos pieds ?
J’en doute
Et j’ensuque
Envers et contre toutes,
Le bleu cresson
Sous ma nuque
A la mémoire des grands brûlés, brûlés
Oh souquez, souquez
Et les barges
S’égarent au large
Bertier
Paroles Pierre Dungen, Musique Sylvain Cousin. Extrait de l’album « Feu.e » (2020)
Clip réalisé en confinement.
Bertier est un collectif belge mené par Pierre Dungen, « radical crooner aux allures de dandy ». Feu.e est son troisième album concept après Eau (2015) et Air (2017).
Il s’agit d’un livre-album grand format de 24 pages avec photos, dessins d’Alain Dauchot, histoires et musique entièrement sur le thème du feu.
Dungen, l’auteur de tous les textes sauf un, a convoqué des musiciens – Sylvain Cousin, aussi sur les mélodiques Photophore et Fort rêveurs, Didier Delchambre (Eau de feu), Paulo Silva Rodrigues (13th floors elevator) – qui ont rejoint le collectif fidèle, Quentin Steffen (Lucas), Amaury Boucher le producteur de l’album - La flamme, Des nouvelles du front, Pyromane, Tierra del fuego, et Flambeur-voyeur, (texte Céline Marolle), avec la voix féminine de Lara Herbinia, aussi choriste, comédienne et photographe du livre-album. Plus le guitariste Yan Péchin et le violoncelliste Jean-François Assy…
Et aussi des artistes amis qui ont composé pour lui : Matthieu Thonon (Feu follet), Olivier Terwagne (pour la percutante Brasier ardent et ses chœurs très 70′), Cédric Van Caillie (Ena), Nicolas Jules (À nos heures et l’émouvante l’Etincelle, dédiée au père décédé de Dungen : « Je garde l’étincelle / Du regard, du regard / Je donne au hasard / La mèche revêche / Qu’ils aimaient »…)
Le feu c’est la vie, joyeuse et mélancolique, brillante et dévorante, mais l’album évoque aussi des sujets plus politiques, la société basée sur le fric, l’hypocrisie, les médias boniments-tueurs, le réchauffement climatique, l’empreinte des conquérants sur les « amers indiens » : « Alakufs et Yagans / Pêcheurs Convertis de force / Par des voleurs / Grimés en marchands / Au service d’un dieu féroce / Et conquérant » dans Tierra del Fuego, dont le clip a été réalisé par la dessinatrice-illustratrice Nathalie Polfliet. L’album suit le fil des aventures et des impressions des deux personnages, Ena « Au gré de ses passions, Ena va où elle veut » et Lucas, « le garçon solaire / Venu de la Grande Ourse ».
La tonalité générale est donc un flamboyant pop rock entre instruments acoustiques, électriques, électro et chœurs enveloppants, rappelant les plus belles époques musicales tout en s’inscrivant parfaitement dans notre époque, sur des textes construits, poétiques, affûtés et évocateurs, parfois dits, prégnants (13th floors elevator), où la légèreté dansante peut cacher la profondeur. Un album à réécouter plusieurs fois pour en découvrir tous les feux…
« Les artistes s’embrasent / Pour un rien / S’épuisent à rejouer (…) Pour du vent (…) Je vous hais : Je suis Feu, Feu Follet »
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