Leonor Bolcatto… au firmament

Leonord Bolcatto (photo Anne-Marie Panigada)

Au creux de nos nuits, faisant fi de l’obscurité d’un espace qui ne laisse de place qu’au vide, scintillent de petites lumières, sources d’énergie et d’espoir. Elles sont vives, animées par le désir et le plaisir, celui d’être libres, indépendantes mais aussi solidaires. Et lorsque, sœurs en musique et liées par le chant, leurs voix se joignent, c’est toute une constellation de chansons qui nous éclaire. Elles se nomment Annelise Roche, Lily Luca, Lise martin, Garance, Lizzie…L’une d’entre elles est Leonor Bolcatto qui vient aujourd’hui briller au firmament avec ce cinq titres, histoire de nous éblouir.

Voilà un concentré de l’univers de Leonor Bolcatto, assez pour nous en faire découvrir la richesse, trop peu quand on en découvre l’étendue : subtilité, humour, engagement, émotion. Leonor, c’est une voix limpide et claire qui navigue entre douceur et puissance, une voix travaillée au fil du temps, nourrie de chants traditionnels, puisée aux sources de la Mongolie ou de l’Argentine, pétrie de technique lyrique, qu’elle a exercée dans tous les styles : folklore, chœur classique, ensemble médiéval et même rock. Quant à l’écriture, une passion secrètement entretenue depuis l’enfance, la voila qui est devenue mature, pleine de justesse, précise, touchante à l’instar de cette « poésie des choses ordinaires »  qui ouvre cet album :  « Tu es cette envie de chanter / Qui fleurit au fond de mon ventre / Tu es le doux parfum de thé / Et du frisson son épicentre / Tu es la poésie des choses ordinaires »

Mais si dans le monde de Leonor, il y a place pour l’émerveillement, la douceur des petits riens quotidiens et des élans du cœur, la révolte, l’urgence de vivre, le désir de liberté y sont présents avec deux titres et deux tonalités pour un engagement féministe. D’abord l’ironie avec une ritournelle tournant en dérision la soumission des femmes (Merci bien) : « Je vous jure loin de moi l’idée / De retrouver ma liberté / Je préfère rester votre chose / Qui sourit et qui prend la pause » et une belle marche vers des terres lointaines, inspirée du livre « Trois femmes puissantes » de Marie N’Diaye, histoires de combat pour la dignité, contre la violence patriarcale au prix de l’exil  (L’horizon dans les yeux) : « L’horizon dans le ventre à en hurler son âme / Pour quitter à tout prix une terre infertile / Rejoindre l’épicentre de son désir de femme / Être libre loin d’ici liberté dans l’exil ».

(pour commander cet album, cliquez sur la pochette)

Oui c’est bien cette liberté de femme qui est ici au centre, au plus profond du cœur de Leonor, liberté d’aimer, de disposer de soi et de son corps sans entraves, de jouir intensément de la rencontre, de l’étreinte. Avec deux titres, elle nous fait partager cette passion qui la fait vibrer : « Serre-moi tout entière / Que je me sente vivante / Que chaque coin de ma chair / Sente ta chair vibrante / C’est aujourd’hui la vie / Je veux la vivre intense / Je la sens comme un cri / Qui tremble d’impatience ». Et ce même désir, dans un ultime sourire, invite l’âme sœur à enflammer le ciel : « C’est ce soir ou jamais qu’on allume les étoiles / Qu’on souffle au firmament nos brises de mystère / Que dans l’obscurité fébrile tu me dévoiles / Les recoins de ton âme vingt-mille lieues sous ta chair ».

Un disque lumineux qui, pour encore plus de clarté, a reçu le concours de belles complicités : Fabien Rybakowski (guitare, charango, chœurs), Jonathan Mathis (arrangements, mixage et multiples instruments) et la participation pour un titre d’Annelise Roche (clarinette, voix). Une belle percée dans le ciel de la chanson.

Un seul regret cependant… compte tenu de la situation sanitaire et du confinement qui nous prive aujourd’hui de spectacles, le concert prévu par Leonor pour fêter la sortie de l’album s’avère impossible. Cependant un événement en direct sur Youtube se déroulera ce 5 décembre avec l’aide de l’association « Les salons d’Ima Rose ». Vous pouvez vous informer et soutenir financièrement cette initiative en suivant en suivant ce lien.

Le site de Leonor Bolcatto, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

« Serre-moi » :