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Gaël Faye : colères et envies de lumière

Gaël Faye (photos Victory Pattyn)

Gaël Faye (photos Victory Pattyn)

Verbe fort jusqu’à la gravité, sur des musiques dansantes, mélange de sons acoustiques et électros, influencées par l’Afrique et les Caraïbes. « Penser et danser » en même temps. Le nouvel album métissé de Gaël Faye associe un regard préoccupé, presque sans concessions, nourri du sombre du monde et de l’aspiration à éclairer tout cela d’une lumière renouvelée. Un album plus tendre qu’il n’y parait, aspirant à donner réalité à ces rêves qui « vont à la mer et forment un sixième continent ». Sans rien cacher d’un regard mélancolique. Celui qui venait d’Afrique « Mais sans connaître Kouchner et puis son sac de riz / J’ai débarqué un soir d’hiver ici avec un sac de rimes ».

Avec Lundi méchant, son deuxième album, Gaël Faye, 38 ans, signe un retour réussi à la chanson après des belles échappées en littérature et au cinéma. Le récit de son enfance africaine (Burundi et Rwanda) Petit pays a connu un succès international avec 1,2 millions d’exemplaires vendus en France, une traduction en 45 langues et une adaptation cinématographie par Éric Barbier, film sorti en août dernier.

Fidèle aux accents du hip-hop, fils d’une mère rwandaise et d’un père français, Gaël Faye se montre tour à tour indigné puis, explique-t-il, éloigné du désenchantement permanent actuel. Pour l’effet coup de poing l’auditeur retiendra le titre Lueurs : « Et les cales enchaînées dans un bateau fait d’un bois / Fait d’un arbre où l’on pend d’étranges fruits distillés et broyés / Des cadavres empilés / Des pelletés de charnier… Regardez devant l’Homme comment Dieu se dérobe ». Le titre précédent, Seuls et vaincus, composé sur un poème de Christiane Taubira, ancienne ministre de la Justice, dénonce avec force les xénophobes : « Vous finirez seuls et vaincus / Car invincible est notre ardeur ».

Lundi-MechantLa chanson titre « Lundi méchant » renvoie à un concept venu du Burundi. A Bujumbura les clients d’une certaine boîte de nuit sortent le lundi, sans attendre le week-end suivant. Comme un défi. Pour montrer que l’on peut ne pas se laisser dicter ses choix. « Kérozen » évoque le besoin de s’évader : « Je veux t’envoler loin d’ici, du ciment / Au-delà des forêts de bâtiments / Je t’inventerai des exils / Des archipels fragiles ». Respire n’est pas en reste de cette aspiration à « quitter les rôles, les cases et les boîtes. » Le ton se fait plus apaisé encore quand Gaël Faye revient sur son enfance (« c’est cool ») au fin fond d’un petit pays qui fait l’objet du titre Kwibuka (Souviens-toi) : « Nous sommes debout maintenant… A se dire qu’on est fort / qu’on vient de l’infini ». Ou encore avec le titre Jump in the line « Inventer des mondes, ré-enchanter l’aube / sans attendre le grand soir ». Des images, des idées, des airs, nés d’un goût certain pour l’écriture. Aptes à imprimer en chansons les marques du temps qui passe. De l’Afrique au vaste monde.

 

Gaël Faye, Lundi méchant, Allpoints/Believe/Excuse My French 2020. Le site de Gaël Faye, c’est ici.

 

« Lundi méchant » : Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à Gaël Faye : colères et envies de lumière

  1. Stéphane Zelten 15 novembre 2020 à 12 h 32 min

    J’aime mais ces productions où tu entend qu’il n’y a plus aucuns musiciens mais seuls des ordinateurs me donne envie de me pendre…

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    • Agnès André 15 novembre 2020 à 12 h 33 min

      Chacun son instrument, dirais-je : celui de Gaël Faye semble être celui des mots. Quant à s’entourer de musiciens, il faut en avoir les moyens! Moi je salue article et album.

      Répondre

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