Gilbert Laffaille, beaux débuts, débats et des hauts
Après Isabelle Mayereau, Jean-Michel Caradec, Jean Vasca, Claire ou plus récemment Yvan Dautin, EPM a l’excellente et heureuse idée de publier un coffret de trois CD de Gilbert Laffaille, Les beaux débuts. Nous y retrouvons avec délectation l’intégralité des albums Le Président et l’éléphant (1977), Nettoyage de printemps (1978), Kaléidoscope (1980), Live in Chatou (1980), Folie douce (1983) et Travelling (1988), ainsi que la première version jubilatoire de Neuilly Blues (45 tours paru en 1979, La sole à Filou en face B !) avec Richard Galliano, Marc Fosset et Patrice Caratini, à tel point qu’en la réécoutant, je me dis que Coluche eût fort bien pu la chanter !
« Il est un peu le chaînon manquant entre Caussimon et Souchon, avec une pointe de Boby » écrivait Philippe Delerm dans sa préface au recueil de textes de chansons et de textes La tête ailleurs (Christian Pirot éditeur, 2003).
Chez Gilbert Laffaille, il y a de l’élégance pudique et une manière de chanter l’amour sans le crier et le chagrin sans se répandre. En témoignent les Jolis jeux du lit, Le dernier des Mohicans, Dimanche après-midi, Bornemouth, Nettoyage de printemps, A la vie à la mort ou Tout m’étonne. Il y a du second, voire du quatorzième degré et du burlesque, dans Folie douce, Hamac et bananiers, Le grand glouton, Toulé poulé ou La foire du Trône, sans oublier le fameux skontch (mélange savant entre sketch et chanson) Charlotte. Si la chanson, chez Laffaille, est engagée, elle n’est jamais revendicative, dans le slogan ou l’injonction, mais dans l’émotion d’un instant de vie humaine, comme dans Deux minutes fugitives, Chacha media, Petites filles de Chiang Maï, Histoire d’œil, Trucs et ficelles, Interrogations écrites…
Les amoureux de la chanson reconnaissent l’auteur, mais je remarque qu’ils parlent très peu du mélodiste hors pair qu’est Gilbert Laffaille. Or, il est un des rares compositeurs de chansons qui savent écrire des mélodies qui vous prennent vraiment aux tripes et que l’on retient. Trénet, Aznavour, Bécaud, Fersen ou Salvador étaient de ceux-là. Ecoutons Kaléidoscope, Sac à dos Pataugas, Neige (écrite en plein été dans l’arrière-pays niçois, ça ne s’invente pas !) et Le vieux théâtre (avec son final absolument sublime). Avec les disques suivants, après Travelling (un disque que j’aime beaucoup, personnellement, pour ses arrangements funky proches d’un Jonasz, d’un Lafontaine ou d’un Koven), Laffaille écrira des musiques de plus en plus émotionnellement prenantes : dans des chansons comme Magritte, Ici, Tu vas où, La ballade de Jim Douglas ou Le jardin des plantes. La bossa nova, le jazz, le blues, la valse et le folk sont les principales inspirations laffaillennes.
Lire aussi l’entretien exclusif avec Gilbert Laffaille pour NosEnchanteurs : cliquez ici
Gilbert Laffaille, Les beaux débuts, coffret 3 CD, EPM 2020. Le site de Gilbert Laffaille, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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