Stavelot 2020. En avant la musique !
Stavelot, « Une chanson peut en cacher une autre », 24 octobre 2020,
Putain de virus ! D’un coup de sa baguette maléfique, la deuxième soirée du plus beau festival belge a muté en bouquet final. Deux soirées sur quatre. Cinquante pour cent du nirvana promis. Tristesse pour l’équipe, chagrin pour le public, goût de beaucoup trop peu pour tous.
L’ennemi invisible avait déjà frappé sournoisement, en empêchant le déplacement de Boule, cerné par la maladie dans son cercle familial et forcé de renoncer. Plus rapide que l’éclair, le roi des organisateurs Jean Lemaire a heureusement sorti un joker de sa manche et déniché une artiste remplaçante de derrière ses fagots.
Elle se dénomme Karine Germaix, vient de Bruxelles et joue de l’accordéon, excellemment entourée par le souriant bassiste Flavio Maciel de Souza et l’incroyable batteur Didier Fontaine. Ce n’est pas vraiment à assister à un récital de chanson qu’elle nous invite, mais plutôt à nous engager dans un surprenant voyage musical. Point de musette ici, mais une musique moderne et répétitive, qui vise la transe, le rêve hypnotique, l’au-delà lointain. Un univers enveloppant et irrésistible. Un monde proche du jazz, de la mélopée, avec les incontournables Richard Galliano et Astor Piazzola comme guides suprêmes. Une technique qui laisse pantois – comment arrive-t-elle à sortir de tels sons de son instrument ? – au service de l’émotion pure et de la joie ressentie à se laisser emporter vers d’autres rivages.
Débutant son concert par un long instrumental, Karine Germaix va enchaîner les chansons d’amour. C’est elle qui le dit, on la croira donc sur paroles. Car, avouons-le, le sens des mots nous a moins importé que l’ambiance sonore. Nous avons vaguement retenu qu’il fut question d’incandescence et d’amour brûlant, de mots crazy, de deux être reliés par une esperluette, de litiges et d’eau dans le gaz… Des jolis mots, évanescents et volatiles, portés par une voix douce ou puissante, faisant parfois son miel de modulations arabisantes. Avec une surprise à la clé : la mise en musique énergique du Pressoir de Gaston Couté, dont on connaît les versions – nettement plus calmes – de Gérard Pierron ou de La Tordue.
Le rappel sera l’occasion d’un morceau évoquant un fantôme du corridor, où l’artiste fera pleurer une ultime fois son instrument pour mieux nous émouvoir. Un concert passé trop vite, au parfum de bonheur. Merci à Stavelot de nous l’avoir offert.
Le site de Karine Germaix, c’est ici ; le site de Toine Thys, c’est là.
Commentaires récents