Lateltin et Ardy, l’enfance de l’art
Ils sont tous deux chanteurs, avec leur répertoire en propre. Mais ne cessent de se produire ensemble, de co-plateaux en médiathèques et autre « Chante jardin ». En des projets communs aussi : ainsi Fahro, duo folk-rock qui lorgne l’Ouest américain. Eux, ce sont Théophile Ardy et Romain Lateltin (aux paroles et musiques), cette fois-ci épaulés sur le disque par Peggy Faure à l’interprétation, pour un très beau projet à destination du jeune public, spectacle et livre-disque : LouPapaPoul, dont le titre-palindrome cache à peine la vie ordinaire d’un grand méchant qui ne l’est pas tant que ça.
Bon, j’vous résume, quitte à spoiler un peu : le papa loup « en a marre / de voir un grand méchant / dans le reflet du miroir ». Mais c’est lui, c’est son destin de méchant de conte de fées, celles qui font un si beau et délectable gibier, même cru. Filou est son rejeton qui sait que « nous faisons peur de loup en louveteau depuis plusieurs générations ». Dans les bois mais surtout dans les livres et l’imaginaire des enfants. « C’est moi le loup / tu sais le loup / Qui souffle les maisons / Des trois petits cochons ». Qui se revêt de rouge aussi pour bouffer Mère-Grand puis le Petit Chaperon rouge… Mais, quitte à faire, le loup, qui ne montre les dents que durant les heures de bureau, aimerait « enfin être un doudou / pour dormir dans le creux de ton cou ». La crise de la quarantaine est bien là et notre loup à des envies contre-nature : pour faire le point, cachant ses dents, il s’en va faire un bilan de compétence pour savoir si ne serait pas plus utile ailleurs…
Bon, là j’arrête de vous raconter l’histoire. Je sais bien qu’avant d’offrir ce très beau livre-disque à vos enfants ou petits-enfants vous le lirez vous même : les grands sont bien tous les mêmes !
Beau livre oui, illustré par Audrey Gil en noir (le loup, ça va de soi) et en couleurs. En fait la lecture idéale avant de s’endormir, avec tous les ingré-dents utiles à une bonne narration : le loup forcément méchant, son petit louveteau qui se lève tôt mignon, charmant, gentil comme sait l’être un doudou. Je dis la narration mais vous pouvez aussi, telle est la règle du jeu, passer le CD sur la platine pour y goûter de solides et franches chansons : c’est aussi fait pour ça.
Avec, au bout du conte, la rédemption de celui qui ne peut plus enfiler son costume de méchant loup cause au burn-out. Forcément, ça déstabilise l’ordre séculaire des contes de fées. Conte défait et belle réalisation de nos compères Ardy et Lateltin qui se glissent sans mal dans le rôle de chanteurs pour enfants comme s’ils l’avaient toujours fait, comme si pour eux c’était l’enfance de l’art.
Le plus beau de tous les cadeaux c’est un livre, vous le savez. Là, c’est mieux encore, puisqu’il y a le disque avec. Alors, ni une ni deux, commandez-le, c’est bientôt les fêtes (eh, oui, déjà !).
Théophile Ardy, Romain Lateltin et Peggy Faure, LouPapaPouL, Amstar Prod 2000. Ce que NosEnchanteurs à déjà dit de Théophile Ardy, c’est ici ; et de Romain Lateltin, c’est là.
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