Le disque qui fait Merveille
« Je n’irai pas à la pêche à la tendresse / Le bruit du clapotis du cœur / S’est tu sous le vent tout à l’heure… »
Pour vous la présenter, autant puiser dans son parcours relaté sur son site. C’est à partir de 1985 que cette auteure compositeure interprète, Véronique Merveille, donne des concerts dans la Capitale, notamment avec Maurice Reverdy avec qui elle crée un spectacle. Printemps de Bourges 1989 dans le cadre des découvertes, sortie d’un premier album, Des matins comme ça, en 1994. Beaucoup de spectacles musicaux, dans la rue, sur scène, en milieu scolaire. Et, plus de vingt-cinq ans après le précédent, un nouvel album, Un joli courant d’air.
On ne s’amusera pas à calculer l’âge de cette toujours jeune chanteuse, juste constater sa chevelure où le sel s’est débarrassé du poivre. Car c’est paradoxalement une voix toute jeune qui nous vient à l’oreille. Jeune car nous ne connaissions pas forcément cette dame. Jeune parce cette douce voix pétille à chaque mot, à chaque rime. En milieu scolaire elle n’a dû faire que des heureux parmi son public : un tel timbre ne peut chanter que des belles et bonnes choses. Là, c’est pareil, qui ne nous parle principalement que d’amour et d’amitié : « Le paillasson de mes copains / A la trace de mes pieds mouillés / Tout détrempés de leurs chagrins / Que je suis venue essuyer… » Ça et plein de choses du quotidien, du temps qui passe, de petites choses de grande importante en des phrases en apparence légères (mais ne nous y fions pas toujours).
On écoute ça l’oreille rivée à l’enceinte, captivée, emballée : « J’ai besoin d’un joli courant d’air / Que les rideaux s’envolent de travers / Qu’une tempête vide mon verre… » C’est du beau, de la belle construction, textes et mélodies. Pas mal d’instruments s’additionnent sur ces treize plages, en harmonie il va de soi, mais bien plus. Des instruments précautionneux aux notes précieuses, présentes et discrètes à la fois. « C’est léger, un baiser / Léger de s’embrasser / Rien qui ne saurait / Lester nos envolées… »
Tout ici est bon. Mais, que Véronique Merveille ne s’en offusque pas, la plus belle plage de cet excellent disque est sa reprise de L’homme qui pleure de Bernard Haillant. Tout le sensible, toute la délicatesse qui font Merveille sont là, au service des mots, du propos du poète.
On aimerait que ce chant merveilleux prenne la route de Chine (une route qui va de soie) pour la « Place Tian’Anmen / Le silence est d’or / Place Tian’Anmen / La raison s’endort », histoire de partager notre bonheur, notre idée, si bien exprimée sur ce disque, de liberté, de courants d’air.
Véronique Merveille, Un joli courant d’air. Autoproduit 2020. Le site de Véronique Merveille, c’est ici. Pour écouter des titres de cet album, c’est là.
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