Narcisse « Ils soignent »
Tandis que nous chantons
Certains soirs au balcon
et que ceux qui comme moi
Ne savent pas chanter
Essaient aussi parfois
D’enchanter sans chanter
Pour que d’autres nous rejoignent
Eux, ils soignent
Et tandis qu’on dort tant
Qu’on n’en dort même plus
Qu’on lit pour passer l’temps
La Peste de Camus (…)
Narcisse
Paroles : Narcisse. Applaudissements : Le peuple. Soins : Les soignants. Inédit discographique.
Tandis que les parents télétravaillaient et enseignaient, tandis que les artistes annulaient leurs concerts, et donc pour Narcisse toute la tournée suisse et française du bien nommé spectacle musical Toi tu te tais, beaucoup se sont adressés à leur public via leur écran. Narcisse n’y a pas manqué, étant l’un des artistes suisses de la chanson participative « Ma plus belle histoire d’amour« et animant une chronique sur RTS Culture.
Il a donc pu stigmatiser toutes les absurdités de notre monde, dans la droite ligne de ce spectacle, l’actualité lui étant directe application des craintes qu’il y exprimait. En avril il adressait deux mots aux assureurs « qui avec cette assurance qui est la leur / Ont fait passer le mot / Qu’ils ne rembourseraient pas un centime et demi / Au motif que leurs contrats couvrent les épidémies / Et qu’ici nous avons affaire à une pandémie ».
Puis il s’est adressé aux poètes improvisés Alain, Manu, Elizabeth, Boris, Vladimir… qui de leurs mots surréalistes ont bercé nos confinements : « Après les danseurs les chanteurs / les orchestres les fanfares / Les troupes de trompettes / Voici la vidéo confinée des poètes », qu’il a intitulée Get the virus.
En mai il tentait de tirer quelque espoir du Micmac ambiant : « Il y a c’est sûr / Dans ce micmac / Des choses qui manquent / Plonger dans le lac / Se faire des smacks / Sans ce remake / Du temps qui bloque (…) Mais on se dit / Qu’après le choc / Ce sera chic / On changera / Chaque chose qui dérange » Hélas, espérances déçues : « Trois heures de queue / pour un Big Mac ».
Puis il nous raconte l’histoire de Tom migrant vers le Sud en retournant ses mots… et si rêver devient (fo)rever et Roma, Amor, Suissesse se mue en Assassins…
Vous avez compris que Narcisse n’est pas seulement un magicien des mots, mais aussi un admirable observateur de notre monde contemporain. Je vous incite vivement à réserver vos places à Paris pour la reprise de Toi tu te tais, tous les lundis dès le 21 septembre au Théâtre Trévise. Et pour avoir une idée de ce qui vous attend, relire notre article lors de sa prestation à Avignon en 2018.
Cadeau bonus : le réenregistrement du virelangue Cher Serge, chef d’œuvre d’humour et de virtuosité.
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