Magasin Général : la tradition prend son pied !
« J’ai trouvé des refrains à boire, des airs pour les p’tits et les grands / J’ai des chansons de carnaval, un rythme qui swingu’ c’est pas banal / Dans not’magasin général ».
Eux font commerce de la chanson. D’ailleurs il se nomment « Magasin général ». Rien à voir avec nos Familistère d’antan ou de nos Leclerc d’aujourd’hui. Au Québec, un « magasin général », c’est bien plus qu’une supérette : c’est à la fois le bureau de poste, le bureau de tabac, la station-service, la quincaillerie, le magasin de sport, le snack-bar, l’épicerie, le point de rencontres des gens du village… Ces deux-là, Sylvie Briday et Steve Normandin, ont en magasin des milliers de chansons. Des de toutes les époques, un peu de tous les styles. Là, dans ce duo qu’ils forment (ils sont déjà couple dans la vie), il n’ont retenu que les chansons traditionnelles québécoises : faut dire qu’ils le sont, québécois, lui en entier, sa moitié à moitié.
Steve Normandin n’est pas franchement un inconnu pour nos lecteurs ainsi que pour les festivaliers compulsifs qui, de festivals en manifestations, sont toujours étonnés de son savoir encyclopédique autant que populaire de la chanson. Auteure-compositeure comme l’est son compagnon, Sylvie Briday est, elle, spécialisée dans le répertoire enfantin. Et, le savez-vous ? Elle est câlleuse (prononcez kâlleuse) dans les bals québécois : on dit en France « meneuse de danse ».
Et c’est quoi du « folk » québécois ? Par eux « des chansons à répondre, des mélodies à partager pour faire danser ou voyager, une guitare, un accordéon, des harmonicas, les percussions traditionnelles du Québec, cuillères et planche pour « tapeux » de pieds, nos voix et l’envie folle de passer une bonne soirée en votre compagnie… » Car ces deux-là sont d’incorrigibles partageux, adeptes de bonne humeur, d’accordéons, de cuillères, de podorythmie et de bonhomme gigueur.
« Bonsoir les invités, bonjour la compagnie… » Dès l’entame du premier titre, à l’harmonica, on sait que ce ne sera que bonne humeur : demande en mariage (on guigne alors le p’tit bidou de l’élue de son cœur), l’agenda de la semaine (du « couché tard, levé matin »…), des chansons à plusieurs lectures (oh, ce Petit ramoneur à sa cliente : « Non, je ramon’rais pas ta cheminée du haut en bas ! »). Des valses, des reels, danses de couples et danses collectives.
La chanson traditionnelle québécoise n’est guère différente de celle française : ce sont bien souvent d’autres versions de titres fort connus des deux côtés de l’Atlantique, comme Le bon vin m’endort (et l’amour me réveille !). Seule et notable différence : l’art de la turlutte (qui n’est pas ce que vous imaginez, avec vos idées mal placées !), qu’on retrouve ici par Le commerçant des rues, titre jadis chanté par la spécialiste es-turlutte que fut La Bolduc. Dans la bouche de Normandin, c’est tout autant un régal.
Au gré des douze plages de cet album, on s’imagine sans mal le genre de spectacles, de soirées aussi, que peut animer Magasin Général. Ce disque en est une jolie carte de visite, carte commerciale. Ça donne envie derechef d’entrer en danse, en transcendance.
Magasin Général, En spécial cette semaine, Compagnie Vieux Gramophone 2020. Le site de Magasin Général, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Steve Normandin, c’est là.
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