Kalune « Lila »
t’étais assise par terre,
la première fois que je t’ai vue
et tu vendais des tissus en récitant du Prévert,
moi, je rentrais du travail, soucieux et fatigué
tu m’as regardé de tes yeux couleur vitre éclatée
Lila, je me souviens tu m’as dit : avec ta gueule de sale con
toi tu bosses pour l’état, ou pire, tu bosses pour un patron
[…] Lila n’entre pas dans ma vie
J’ai tendance à briser tout ce que j’aime…
[…] J’apprendrai à chérir ce que j’aime
Kalune
Paroles Damien Paranthoine (Kalune), Musique Adrian Waves, Landry Verdy, Anaïs Laffon, Olivier Cocatrix. Extrait de l’album « Amour (entre Résistance et Utopie) » (2019)
Vidéo réalisée par Igor Verdy avec Albane Herisson et Jules Reyt au Chapiteau du Fer à Coudre à Vitry (image de danse), et théâtre de l’Ogresse.
Le poète rappeur Damien Paranthoine, originaire des Pyrénées, tire son nom de scène de la bruyère callune qui recouvre les pans de sa montagne. C’est aussi un nom qui évoque les rêves de cet « humaniste misanthrope » qui s’attache à remplir des « puits sans fonds » et se définit lui-même comme chanteur écolo.
Victime d’un accident en compétition de ski lorsqu’il avait seize ans, il se présente sur scène en fauteuil roulant, en duo avec la violoniste Anaïs, avec un point de vue toujours positif : « Le cœur qui balance entre résistance et utopie, j’écris Amour avec le A de Anarchie ».
Dix-sept titres entre slam, rap, chanson, une œuvre d’une heure et quatorze minutes, excusez du peu, délivrent un message épicurien, un Carpe diem exigeant, puisqu’il s’agit d’un Lâcher prise (Car paix dit aime), une inquiétude de n’être pas assez aimé ou aimant, dans cette Lila comme dans La peur des mais (merveilleux texte à déguster mot à mot, syllabe à syllabe, qui n’est pas sans évoquer le J’ai peur de Leprest), mais surtout un message militant très engagé et très doux à la fois, tel ce Rien ne m’appartient. Ici en concert de soutien aux décrocheurs à Lyon Alternatiba le 2 septembre 2019, Lâcher prise, La peur des mais, Rien ne m’appartient.
Ses inquiétudes sur le sort de notre planète et son empathie s’expriment encore avec Le mal de terre « Je crois que je sens battre le cœur de l’autre » et toutes ses chansons mêlent amour et résistance, jusqu’au titre plein d’autodérision de son reggae Sexe, rhum et permaculture… Quand on recrute, c’est des ouvreurs de cage ou des lanceurs de bombes de graines, et le message à tous, loin d’opposer les divergents, est « Aimez-vous bandes de bâtards ».
Passant du tract slamé « On se bouge, on se lance, on vise l’auto-suffisance », à la pure poésie « Comme la plume d’ange chantée par Nougaro / une lettre sans adresse qui cherche son chemin / je suis féminin ». De la révolte de Plein le dos (hors album) composé en confinement uniquement avec des slogans revendicatifs populaires (l’auteur de la chanson, c’est le peuple), à l’Amour, grand morceau de 9 minutes, il a choisi l’utopie en action, même s’il faut grimper des montagnes. A pied. Ou en chaise roulante.
« Le monde appartient à ceux qui se soulèvent tôt » (slogan de manif)
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