Lisza, couleur latino
Deuxième album pour la jeune chanteuse belge Lisza, après un chatoyant Vie sauvage paru en 2017. De cet album, nous disions déjà que, «sans exotisme forcené, on y surfe sur la vague de la bossa-nova ou de la saudade ».
Ce nouvel opus enfonce le clou. Déjà, la pochette rappelant le style de la mexicaine Frida Kahlo et le titre de l’album, Charango (pour info : c’est le nom d’une petite guitare andine), nous font comprendre immédiatement que le rock scandinave a peu de chance d’être au menu. L’écoute de la première chanson nous le confirme : une joliment chaloupée Canta querida, aux couplets en français et au refrain en espagnol. Embarquement immédiat pour l’Amérique du Sud, à la manière d’un Manu Chao.
Tout l’album sera à l’avenant, respirant le large, le voyage, la découverte. Charango mêle les airs de là-bas à la langue de chez nous, pour un résultat détonnant, à la fois joyeux, dansant et empreint de mélancolie. Comment ne pas saluer dans cette réussite le remarquable travail du producteur-réalisateur Vincent Liben, déjà vieux routier de la scène du plat pays, qui a sorti le grand jeu pour sublimer les chansons de sa belle ? Jouant de quasi tous les instruments (dont une collection de guitares d’Amérique du Sud ; la charango, bien sûr, mais aussi la tres cubano et la cuatro venezolano), n’hésitant pas à pratiquer les mélanges (passage de rap en espagnol, solo de saxophone, emprunts au reggaeton…) pour le plaisir de nos oreilles emportées par le rythme.
Les textes, tous de la plume de Lisza, parlent d’amour. Sous toutes ses formes. L’amour qui doute, l’amour passion, l’amour qui vous emporte, l’amour qui vous abîme, l’amour mal partagé parfois… L’amour pour son père parti trop tôt, l’amour pour son grand-père toujours bien là, sur les bords de l’Escaut. L’amour pour soi-même aussi, qui donne la force d’affirmer la liberté de choix de la femme, en matière d’avortement ou de violence conjugale. L’amour des mots et de la poésie, enfin, qui transcende le quotidien si souvent trop banal. Des paroles simples et sincères, qui se marient à la perfection aux musiques qui les portent (même si l’auteure devrait veiller à ne pas abuser du mot cœur, utilisé systématiquement…). Des paroles entièrement en espagnol et en portugais, pour deux titres, telle une mélodieuse surprise du chef. Je vous avouerai même que ma chanson préférée est ¿Cómo?, rap hispanique endiablé, qui permet de mesurer ô combien cette langue est chantante.
Avec Charango, Lisza se donne la possibilité de toucher un public dépassant les frontières de la francophonie. Son espagnol impeccable, ses chansons fleurant l’authenticité et une passion réelle pour les musiques sud-américaines, ses rythmes dansants et son chant varié, autant d’atouts qui devraient lui permettre d’élargir son public. Il serait dommage toutefois qu’elle ne soit pas aussi prophète en son pays. C’est l’été, il fait chaud, c’est le disque idéal à écouter sur la terrasse du jardin en sirotant un mojito. Et en hiver, ce sera le pense-bête parfait pour se rappeler ces beaux jours. A écouter sans retenue toute l’année, quoi.
Lisza, Charango, Animalé/COD&S Distribution, 2020. Le facebook de Lisza, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
Bonsoir, puisque l’accès à l’Amérique Latine est prohibé ! Les pauvres … le virus en plus de la misère ! Monde de cinglés ! Mais … il nous reste nos oreilles et nos yeux pour les vidéos ! Chansons bien revigorantes ! Vive les Belges et merde à beaucoup de Français !