Paul Meslet au naturel
N’en déplaise tant aux fondamentalistes verts qu’aux bobos cools, « bio » ce n’est pas un dogme ni une mode, c’est plutôt un réflexe naturel, sain, voire salutaire. Ce n’est pas une affaire de croyance, on n’est pas obligé d’être pratiquant dans chacun de ses gestes.
Si l’on éprouve la lassitude du formatage malsain que les industriels nous imposent, aseptisé mais cancérigène, le bio apparaît comme une sorte d’oasis où l’on peut s’installer ou simplement se ressourcer un moment. Fuyant les querelles idéologiques, lassé des vérités sans lendemain et de leçons liberticides, je m’efforce désormais de fréquenter les humains près de leurs sources : ceux qui n’auraient jamais dû s’éloigner de leur arbre !
Mais que viennent faire ces élucubrations dans un site consacré à la chanson ?
J’y arrive !
C’est presque confidentiellement que j’apprends l’existence près de chez moi d’une soirée en chansons dans une ferme bio. Je connais le chanteur de bonne réputation mais je n’ai jamais eu l’occasion de le voir sur scène. C’est ainsi que je me retrouve dans une cour de ferme improvisée en lieu de spectacle, verre de cidre à la main, dans un groupe clairsemé (Covid oblige) de tous âges et de toutes sortes, devant Paul Meslet.
Ce n’est pas fortuit. Tiens, Dominique Babilotte est là aussi, en spectateur !
Si Paul Meslet le chanteur venu d’Anjou, et Bernard l’agriculteur posé en Béarn, se sont rencontrés, c’est que les chansons du premier répondent aux mêmes critères que les pommes du second, en particulier la qualité et la proximité. Le public de l’un a les mêmes exigences que les clients de l’autre : ils se découvrent, se reconnaissent, se complètent.
Notre monde est devenu trop inquiétant, mais les gens aimables, de bonne volonté, aux talents honnêtes se trouvent, se croisent, se chantent… « Dis combien de chansons nouvelles / Depuis la dernière mousson / La terre colle à tes semelles / Il pleut des rimes et des ficelles / Qu’est-ce qui mijote en ton chaudron ».
Les chansons de Paul Meslet résonnent dans la mémoire collective des humains, parlant de travail, d’amour, de chagrins, de doutes. Elles nous sont familières et pourtant leurs mots sont pleins d’une force nouvelle et leurs vers sont agiles comme dansant sur un fil : « Être un funambule sans l’avoir choisi ».
Elles fouillent en nous, bravant nos contradictions, connaissant le pire, choisissant le meilleur.
Les chansons de Paul Meslet, comme le pain bio, ont leur saveur particulière, elles sont là, sans tapage, sans compromis ; elles se méritent ; il faut aller les chercher dans leur milieu naturel, hors des circuits industriels. Elles sont de la famille des meilleurs crus, comme celles de Gaston Couté, de Jacques Bertin, de Michel Boutet, de Debronckart ou de Leprest que Paul invite en ses albums comme en ses concerts.
Il faut l’écouter sur scène ou sur CD avec de fidèles musiciens comme Olivier Moret, Tony Baker, François Jauvain pour en savourer toutes les subtilités musicales, aromatiques et colorées. Il faut l’écouter aussi, seul à la guitare, dans un coin de ferme, ou l’on peut guetter ses sourires, ses clins d’œil, comme j’en ai eu (oserais-je dire) le privilège, pour en déguster toute l’authenticité à l’état brut, comme on croque une pomme. « Derrière le mur c’est l’oxygène / L’air de dehors, l’air des chansons / Les champs d’amour ou de verveine / Les courants d’airs et les frissons / Quand tous les autres s’époumonent ».
Laissons donc de temps en temps les gaz nocifs, les haines et le tumulte pour construire, ne serait-ce qu’un soir, partout où c’est possible, un moment de bonheur dans une saine proximité.
Le site de Paul Meslet, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Son dernier album : L’Ombre bleue, production Le Chant des Hommes, 20 route des Essarts, 49170 Saint-Léger-des-Bois.
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