Festival chansons sous les étoiles. Christian Vives, de roc et de velours
18 juillet 2020, 22h 10, Bouc-Bel-Air, esplanade du château,
Quelques minutes d’entracte où beaucoup sont rentrés à l’abri au château, puis Richard Lesage revient avec ses deux chansons pour tenter de réchauffer un peu l’atmosphère. Bien besoin de La tendresse pour adoucir nos cœurs glacés.
Christian Duneau nous présente la déjà longue carrière de Christian Vives, trente ans de scène et quelques centaines de concerts ici ou ailleurs. Des premières parties d’Elliot Murphy ou de Francis Lalanne, qui suffisent à définir son style : un folk rock chaleureux, mais à la française, avec des textes qui vont de l’introspection à la conscience éveillée, voire inquiète, du monde qui nous entoure, un song writer donc plutôt qu’un auteur pop. Et côté interprétation, une fascination pour Johnny Hallyday qui lui a donné l’envie de chanter. Sa voix, elle, est bien à lui, ronde et très grave, chaleureuse, rappelant celle de Lavilliers, un de ses maîtres aussi.
Avec son complice et co-compositeur Philippe Romanelli et sa superbe Gretsch rouge, Christian Vives, chemise à fleurs bleues (Y a-t-il une intention ?) et Takamine noire, attaque avec une de ses chansons du nouvel album La dérive des continents – que je vous présentais en mai – On voulait seulement, … « laisser à nos enfants juste un ciel ouvert et de l’amour dedans (…) Mais l’homme détruit tout, ce qui le rend heureux comme ce qui le rend fou… ». Thème qu’il reprend dans l’introspective Reflet de nous -mêmes, sur un rythme dansant, qui permettra au public, applaudissant en rythme, de gagner quelques calories. Des chansons plutôt longues, riches de leurs variations de guitares, pas calculées pour les médias limiteurs.
C’est ce répertoire, nouveau pour beaucoup dans le public, qu’il nous présente ce soir. Une chanson « très légère », dit-il, par comparaison avec la première, mais plutôt profonde, de confiance en l’amour : « Garde-moi tout contre toi, deviens ma délivrance », une autre, en symétrie, faite pour donner confiance en la vie à un homme qui en manque, pour qu’il voit le soleil… Son message aux femmes, « Toutes ces histoires, ces destins que l’on jette / en oubliant, de les aimer peut-être /…Changer le décor / chasser les apparences / Le silence a des torts / Peut-on combler la chance ? »… and his guitar gently weeps… Le cœur de l’album, l’inquiétude ultime, est la chanson titre, cadeau de Philippe Romanelli, où son interprétation donne toute liberté à sa voix, tour à tour plainte murmurée, vibrante, ou cri: « Quand s’éteigne les balises / Que le rideau descend / Entends-tu les banquises / chanter avec le vent ». Une longue complainte qui vous balance sur des flots agités d’émotions.
Gant de velours, cheval de fer, est l’autre cadeau de la soirée, puisque le texte écrit par Mathieu Pirro himself, donne la parole au train qui vous emporte en voyages dans ses entrailles de cavale de métal. La musique en a été composée par Christian Vives, et c’est en quelque sorte la fermeture de la boucle, ouverte en 2017 au Festival de la Chanson d’Aix, où il était venu l’interpréter lors du concert de Mathieu présentant son nouvel album, Les mêmes goûts.
C’est en solo qu’il termine son concert. Comme pour Mathieu, il y aura le cadeau d’une inédite qui ne demande qu’à vivre sa vie de chanson, Pour que demain tout aille mieux : « L’espoir et la lumière nous guideront sans fin ». En ces moments difficiles, elle célèbre ce qui nous manque le plus : « On se serre contre les nôtres… ». Et le bouquet final, pour se dire bonsoir, à la demande de l’organisateur du festival Henri Bonifay, J’ai oublié de vivre. Même si le public la connaît par cœur, c’est toujours le même frisson. Et cette fois-ci, pas de froid.
Le site de Christian Vives, c’est ici : ce que Nosenchanteurs en a déjà dit, c’est là.
Gant de velours, cheval de fer, enregistrée en acoustique en confinement
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