Michel Arbatz, pour les cent ans de Cadou
« Tu es une grande plaine parcourue de chevaux / Un port de mer tout entouré de myosotis / Et la rivière où le nageur descend / A la poursuite de son image / Tu es l’algue marine et la plante sauvage… »
Michel Arbatz a dû s’acheter tout un stock de timbres à l’effigie de Cadou pour affranchir ses envois. Rien que ça, c’est de l’infinie politesse, pas surprenante chez cet homme qu’on sait d’une grande délicatesse… Un timbre, à pleines dents, car on célèbre cette année le centenaire de la naissance du poète René Guy Cadou, cette superbe comète qui, le temps d’une courte vie terrestre, traversa la voie lactée de la poésie, cet homme mort prématurément à l’âge de 31 ans et malgré tout à la hauteur d’un nombre conséquent de recueils de poésies (Wikipedia en recense pas moins de trente-quatre). Une poésie qui « coule de source, se jette dans la mer, tend à rejoindre l’universel ». Une poésie dans laquelle il est tentant de puiser pour en faire des chansons, leur gagner un auditoire qu’on espère plus large encore…
Après avoir chanté Desnos, Dubillard, Char, Villon et Brassens, Michel Arbatz s’empare de Cadou. Dont la chanson a depuis longtemps fêté ses épousailles : Morice Benin, Gilles Servat, Julos Beaucarne, Manu Lann Huel, Martine Caplanne, Paul Dirmeikis, Philippe Forcioli, Véronique Vella, Marc Robine, Michèle Bernard…
Arbatz a découvert Cadou à l’adolescence, par le Poètes d’aujourd’hui qui lui fit consacré, chez Seghers. Cadou ne l’a pas quitté depuis, doux compagnonnage d’une vie…
Michel Arbatz est un artiste entier. En conséquence il ne fait pas les choses à moitié. Une fois de plus, c’est un livre-disque qui lui fait office de nouvel album. Un livre pour écrin à ce bel album de 24 poèmes (peaufiné avec Olivier-Roman Garcia, le fidèle). ici partagés avec pas loin de vingt récitants et chanteurs.
Ça s’ouvre par Je t’attendais, dans la version musicale que nous a offert Michèle Bernard. Chaque poème dit ou chanté est imprimé d’une sobre typographie, le tout accompagné d’une élégante iconographie. L’ouvrage devait comporter quarante pages, l’inflation l’a gagné le temps d’un confinement… Les voix se succèdent comme si de tels textes imposaient le partage, comme on ne pouvait garder Cadou rien que pour soi, qu’il fallait démultiplier les voix pour mieux prendre le chemin de vos oreilles, de vos émotions.
Sur le livre , d’un texte précis, concis, impliqué, Arbatz nous fait rapide biographie de cet instituteur-poète qui peint la poésie la noirceur de ces temps de guerre et d’après guerre, qui n’appellent guère l’art de la rime. Si, par hasard, par mégarde, vous ne connaissiez pas avant Cadou, ce livre-disque ne vous dira pas tout mais peut vous amener au poète, sur ses chemins, ses sentiers. C’est sûr qu’après cette écoute vous aurez envie d’aller plus loin dans l’enthousiasme, d’un l’émotion d’une telle œuvre.
Michel Arbatz & invités, Bruits de cœur (chante René Guy Cadou), Zigzags & Cie 2020. Le site de Michel Arbatz, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
On peut acheter ce livre-disque par correspondance : Zigzags, 16 bis rue de l’école de Droit, 34000 Montpellier, ou sur la boutique du site de Michel Arbatz, au prix de lancement de 19€ port compris jusqu’au 1er septembre (24€ après cette date). Trois titres sont en écoute libre sur la page accueil du site.
On dit qu’un bonheur n’arrive jamais seul. Michel Arbatz sort également, en fin de cette année, un nouvel album consacré à Robert Desnos, en fait la réédition de celui qu’Arbatz avait consacré à Desnos il y a trente ans, avec de nouveaux arrangements et de nombreuses nouveautés. Nous en reparlerons le moment venu. On peut toutefois y souscrire dès maintenant.
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