Cendrio, pris de Vertiges
Tant de choses, tant d’actes, tant de beauté et tant de drames font vertiges. Ce n’est pas que le chanteur Cendrio en fasse collection, mais convenons que le titre de ce nouvel album (le septième) convient.
Dans une musique rock parfois un peu envahissante, Cendrio nous met en scène ses vertiges : « Au bord du vide j’ai contemplé les grands espaces sans frontière / Dans cette chute je me laisse tomber en arrière ».
« Des fragments de vie, des histoires où l’engagement est de mise et des regards embués d’espoir… » lit-on sur son site, et c’est tout à fait ça. Nombre de sujets ici traités sont forts (fort bien travaillés qui plus est) : la guerre (par le truchement d’une bague gravée « dans le noir d’une douille d’un obus »), les migrants (sur un texte de Roselyne Demattéo), les attentats (Une fleur dessinée par Charlie). C’est aussi le désir du départ : « Tu me vois partir tu me vois souffrir / Marcher seul sur les cailloux tu me vois gémir / Me perdre et courir dans les rêves de ce monde fou / Je reviendrai je reviendrai ». Même l’amour, même la mort du poète, tout est vertige, tout tourneboule. Malgré une tonalité générale assez homogène, tout reprend à zéro au début de chaque titre. Le cadre est posé, on entre dans l’action, le sujet, paroles et musique développent. C’est à chaque fois court-métrage bien cadré bien filmé. Qui témoigne du présent, parfois imagine l’avenir, l’anticipe, le rêve : « Utopique et fragile / Cette idée si puérile / Comme cousue de fil blanc / Cette terre qu’elle dessine sans frontières s’enracine / Au bon gré des courants ».
L’album se termine par Bella Ciao. ce chant de révolte italien… Venant d’un autre que Cendrio, (qui a tant des racines cévenoles que toscanes), on pourrait crier à l’opportunisme, ce titre étant ces temps-ci du dernier cri. Vu ce que chante Cendrio, ce qu’il a chanté, Bella Ciao est ici comme une évidence, un simple rappel, qui plus est bien interprété, d’une version qui pourrait fanfaronner en tête des cortèges animés, des manifs outragées, des révoltes à venir.
Cendrio, Vertiges, Lest Production 2020. Le site de Cendrio, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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