Benjamin Biolay, en mode Rock and Roll
Difficile ces derniers temps d’ignorer que Benjamin Biolay vient de sortir du confinement (où il a été présent en reprenant des chansons sur le réseau social Instagram) et qu’il offre son nouvel album. Cette omniprésence médiatique s’explique tant à la fois par le profil atypique d’un artiste polyvalent, genre couteau-suisse de la musique et du cinéma (comédien, auteur, compositeur, interprète, sportif, orchestrateur, à l’occasion chroniqueur acerbe de la vie politique) que par la trace qu’il imprime avec ses propres chansons, d’albums en albums. Trois ans après son diptyque argentin (Palermo Hollywood et Volver), pays où il séjourne régulièrement, le neuvième album, Grand prix, décline une des passions de Benjamin Biolay : l’automobile et plus particulièrement la Formule 1. « La vie des pilotes m’a toujours fasciné d’un point de vue romanesque et quasi shakespearien. La première chanson écrite, Grand Prix, remonte à l’accident fatal du pilote Jules Bianchi en 2014 [mort dans sa 26eme année après 9 mois de coma] qui m’a, comme beaucoup, vraiment choqué » partage le surdoué, selon ses pairs, de la musique pop. La chanson Interlagos évoque sur l’air de la saudade le pilote brésilien Ayrton Senna, décédé à 34 ans quelque 20 ans plus tôt. C’est du côté de l’enfance et de la jeunesse du natif de Villefranche-sur-Saône (69), qu’il faut chercher la source d’un de ses moteurs artistiques qui aboutit aujourd’hui à cet album mené tambour battant. Avec son lot de métaphores automobiles. Comme celle de la chanson Comme une voiture volée : « Mon cœur, c’est un vieux moteur / Si tu soulèves le capot. ».
Cette mélancolie chronique marque un univers aux couleurs nostalgiques dopées par des guitares qui sonnent bien (celles de Pierre Jaconelli en l’occurrence).
De ruptures en temps qui passe et constats préoccupés, Benjamin Biolay ne semble pas penser que demain sera automatiquement meilleur qu’hier et dessine un univers désenchanté au verbe haut. Pour lui-même déjà, en forme d’auto-portrait, lorsque le quarantenaire écrit (Dans la roue tourne) que « De moins en moins je crie / Car ça ne sert rien / De plus en plus je prie / Mais seul dans mon coin / Oui sache qu’on est rien / Ou presque que dalle / Trois flocons sur un bassin / Puis la neige sur les dalles ». Ou encore dans la chanson Grand Prix : « J’étais qu’un p’tit français qui rêve sa vie / Puis après tout, ça m’va / Si c’est dans un film d’Abel Ferrara ». Dans le titre qui a lancé l’album on pouvait également entendre « Faut pas qu’on s’entraîne à toucher le bas / Il faudrait qu’on apprenne / A vivre avec ça / Comment est ta peine / La mienne s’en vient, s’en va… » Où les papillons noirs s’envolent vers d’incertains horizons. Chansons écrites parfois sur la route lors des tournées. Avec des mots qui parfois tombent dans la grossièreté fugace.
Écrit sous l’inspiration musicale de la pop-anglo-saxonne chère à toute une génération d’artistes français, ce Grand prix récapitule son lot de références (The Smiths, New Order, The Happy Mondays ou The Strokes) et un goût pour les orchestrations soignées. La voix de Benjamin Biolay ambitionne son envie de s’inscrire dans la lignée des crooners (Sinatra et autres). Au final l’auteur compositeur de La Superbe son album référence aime rester ado dans sa tête et bien de son âge dans ses chansons.
Benjamin Biolay, Grand Prix. Un CD ou deux vinyles Polydor/Universal. Le site de Benjamin Biolay, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Bon… ben … je n’ai aucune envie de lire ici une chronique sur Biolay. Il y en a plein les médias. Et je me souviens d’une revue qui, à publier des articles sur les locomotives, a perdu wagons et lecteurs.
Cordialement !
Si vous pensez à Chorus, ce n’est pas pour cette raison que cette revue est tombée. Maintenant, on est libre bien sûr de ne pas aimer Biolay, il n’en fait pas moins partie de la chanson. Que je sache, nous publions bien plus fréquemment des articles sur des gens peu voire franchement pas connus en leur donnant qui plus est la même surface rédactionnelle (même présentation, même valeur de texte) que plus célèbres qu’eux, ce que aucun autre support chanson ne fait. Ceci dit, jamais nous ne nous interdirons de donner notre avis, en bien comme parfois en mal, sur des artistes nettement plus en vue, pourvu qu’ils nous semblent représenter un vrai caractère artistique.
Mon propos est sans doute subjectif mais peu importe qu’on sache ou on ne sache pas que Benjamin Biolay sorte un nouvel album. Ce qui compte c’est le résultat. « Grand Prix » est un excellent album. Il est bien au-dessus des produits aseptisés qu’on entend trop. Il est également bien supérieur aux besogneux qui pensent qu’une chanson s’appuie sur trois accords de guitare.
La lettre B a porté au panthéon Brel, Brassens, Barbara, dans une certaine mesure Béart, Bécaud et pourquoi pas Biolay qui est un des meilleurs paroliers et compositeurs actuel. Je ne saurais pas oublier Bashung qui lui aussi ne manquait pas de panache.
C’est vrai que le B est la lettre Bénie de la chanson.
En plus de tous les artistes cités précédemment on n’oubliera pas ceux qui sont partis trop tôt : Balavoine, Bachelet, Bourvil.
Puis ceux dont le talent devrait leur valoir une vraie reconnaissance : M.Bernard, Bobin, Bossone, Bühler…
La lettre F est pas mal non plus… !
Bien sûr, je suis d’accord. Néanmoins, je remplacerais « PUIS ceux…. »par D’ABORD ceux… « !