Thomas Dutronc, le swing « Frenchy » qui revisite des standards
Faut-il l’avouer ? Je n’avais pas été bouleversé en 2019 à Coutances (festival Jazz sous les pommiers) par l’un des deux concerts de Thomas Dutronc et de ses esprits manouches. Une étape sans surprises côté public pour le guitariste chanteur, un brin nonchalant et blagueur, même si son charme et sa filiation tout autant que son jeu de guitare et son esprit collectif attirent les foules bienveillantes. Il en va tout autrement avec l’album, son quatrième, de 14 titres, qui vient de sortir, où le musicien revisite des standards, comme on dit, de la chanson française mondialement connus. De ceux qui ont fait le voyage jusqu’au bout des mondes et notamment aux Amériques (donc traduits en anglais) et toujours au programme des virtuoses. Pas facile au départ de surprendre avec des reprises. Pari réussi sur un mode joyeux, parfois suave, et inventif. « Frenchy » recèle de pépites où Thomas Dutronc, ses musiciens (1) et ses invités sont touchés par la grâce.
D’emblée, le titre C’est si bon (André Hornez-Henri Betti) interprété en trio avec Iggy Pop et Diana Krall ouvre une play-list apte à redonner le moral aux amoureux des belles mélodies. La voix rocailleuse du rockeur, le swing élégant de la chanteuse de jazz et le velouté de la voix de Thomas Dutronc invitent au bonheur. L’invité suivant ne manque pas, à son tour, le rendez-vous avec nous en la personne du guitariste du groupe ZZ Top, Billy Gibbons. Leur duo pour La vie en rose offre des couleurs actuelles, habillées d’accords de guitare et une orchestration tout en légèreté.
On retiendra encore le duo atmosphérique et sensuel avec la chanteuse de jazz Youn Sun Nah dans une reprise du groupe électro Air, Playground Love (extrait de la bande originale du film « Virgin Suicides »). Le tout finement tissé avec la trompette de Stéphane Belmondo. C’est aussi un point fort de cet album que de passer d’une époque à l’autre, de Trenet (dans une version épatante de La Mer (Beyond the sea, en anglais) aux récentes têtes d’affiche de la french touch, autrement dit « La patte française » qui s’exporte (Air et Daft Punk).
Dans cette reconnaissante galerie des ancêtres qui inspirent Dutronc signalons encore des titres de Brel (Ne me quitte pas, version anglaise en duo avec Haley Reinhart), Pierre Barouh et Francis Lai (Un homme et une femme, en duo avec Stacey Kent) ou Sacha Distel – La Belle vie (The good Life), en duo avec Jeff Goldblum.
Grand admirateur du guitariste manouche Django Reinhardt, Thomas Dutronc lui consacre aussi deux titres : All of you, écrit par Jacques Larue et Tony Bennett sur la « cultissime » mélodie de Nuages ; et le classique des virtuoses de la guitare, Minor Swing. De sacrés musiciens et des voix au diapason, que demander de plus ? Y compris en découvrant les accents de french crooner tout en douceur de Thomas Dutronc.
(1) Rock Gresset (guitare), Éric Legnini (piano), Thomas Bramerie (contrebasse), Denis Benarrosh (batterie)
Thomas Dutronc, Frenchy, Blue note /Universal
Le site de Thomas Dutronc, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.
C’est si bon (Iggy pop, Th Dutronc, Diana Krall)
La vie en rose (avec Billy Gibbons)
La belle vie (avec Jeff Goldblum)
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