André Fernandez, autre format de la chanson
Durant une dizaine d’années et si ce n’est l’animation comme chanteur-batteur-guitariste de plusieurs formations rock en région parisienne, il ne fut que parolier et/ou compositeur pour différentes maisons d’éditions. On lui doit entre autre des collaborations avec les chanteurs québécois Jean-Sébastien Lavoie (sur son premier album, en 2004) et Roch Voisine.
En coulisses, André Fernandez nourrit et travaille des projets plus personnels qui allient la chanson au rock et à la pop. Qu’il expérimente sur les petites scènes de quelques bars de la Capitale. Avec, à la clef, un premier album, dès 2013 : Les doutes, dont des titres s’insinuent alors dans la playlist de radios locales et de webradios. Série de concerts dont trois invitations à la Fête de l’Huma, en 2016 et 2018. On le retrouve l’année suivante dans Pentacosta Glossolalia, une singulière œuvre d’improvisation vocale à l’invitation du sculpteur pakistanais Amin Gulgee lors d’une soirée de performances artistiques.
Le parcours se poursuit avec cet album de cinq titres (33 minutes tout de même), sorti dans le silence du récent confinement : Métro Pont-Marie, rencontre autant qu’addition d’artistes. Musiciens (piano, quatuor à cordes, guitares, accordéon, programmations…) et compositeurs bien sûr, mais aussi graphiste et peintre-plasticien, tous rencontrés dans le Marais, à la Cité internationale des Arts (pour s’y rendre en métro, c’est station Pont-Marie…). Forcément, ça donne une œuvre composite, dont on se doute bien que ce seul CD n’est pas l’unique support, dont la tonalité musicale oscille entre musique contemporaine et rock progressif.
Alors ce nouvel album ? Fernandez a tout en lui d’une chanson de grand spectacle, musicalement ample, efficace, nerveuse, qui s’impose dès l’entame et peut sans mal porter loin le propos… « Conjurer le sort, l’esquiver encore / Mais la mort viendra toujours vers toi, tu vois / Encore un effort, la patience est d’or… » On écoute les premiers titres à chaque fois comme on le faisait d’un passage d’une comédie musicale, presque d’un oratorio, dont on demande ou imagine le début comme la fin. Et puis, cette troisième plage, captation sonore de la ville et du métro, sur longue échappée musicale, comme pour faire plus encore entrer la vie sur ce disque. Etrange, séduisant.
La cinquième piste est la reprise de Pantacosta Glossolalia qui avait déjà fait l’objet, sur ce seul titre, d’un EP l’an passé. Qu’on prendra, sur ce pressage, comme étant l’œuvre maîtresse, non cause à sa durée (13’40), encore que, mais par son intérêt. Dense, étrange, passionnant, cette longue plage offre de multiples pistes à qui sait, non forcément la décoder (il faudrait être Champollion ou quelqu’un de sa trempe), mais entrer dans cette proposition né d’une improvisation vocale, et s’en faire sa propre lecture. Un titre que certes nous éloigne quelque peu du format classique de la chanson : c’en est que plus attirant.
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