Bernard Sauvat, le professeur fait sa rentrée
Bien sûr « le professeur est un rêveur / il ne faut pas nous le changer… » S’il est un titre, entre tous, qui nous reste de Bernard Sauvat, c’est bien celui-ci. Mais, même s’il fut effectivement prof de maths, à Neuilly, au moment d’enregistrer ce titre, résumer l’artiste et ses cinquante ans de carrière à cette seule et unique chanson serait un peu réducteur. Même si Sauvat est irrémédiablement lié aux années soixante-dix, cette décennie où, dès son entame (il fait des cabarets à Mouffetard dès 1968 et sort un premier 45 tours l’année suivante), il apparaît un peu, beaucoup, à la télévision, avec L’amour il faut être deux, La robe verte, puis Le professeur est un rêveur qu’il déclinera par la suite en de nombreuses versions, dont un livre-disque pour enfants (Le professeur est un chanteur). Il est un peu à l’écart tant de la sirupeuse variété qui prédomine à cette époque (à l’exception de quelques titres faciles et dispensables comme Ça dépend du capitaine, qui a dû figurer au hit-parade de l’époque), que de la « chanson à texte » boutée hors de la reconnaissance publique. Un entre-deux qui lui permet d’exercer honorablement, de faire des galas, sortir des albums, fort d’une notoriété qui va s’étioler avec le temps.
Il est de ceux (ils sont nombreux) qui persistent et signent, ayant fait le choix d’être chanteur et en assume les hauts et les bas. Dès la décennie suivante, son nom tombe un peu dans l’oubli. Lui continue : on le verra beaucoup dans des croisières ou sur les scènes d’Age tendre et têtes de bois. Régulièrement il sort des albums (autoproduits dans les années quatre-vingt dix) pour un public certes petit, mais solide, fidèle. Étrangement, une partie non négligeable de ce public vit au Moyen-Orient, comme le témoigne la vidéo de « La robe verte », ci-dessous.
Ce triple album « en public » (deux cédés, un dévédé), nous permet, presque en bout de course (il a 79 ans), de renouer avec lui. De retrouver les titres phares qui ont fait sa réputation et d’en découvrir d’autres, non forcément des nouveaux, mais qui que nous n’avons jamais su, qui n’étaient pas parvenus à nos oreilles..
Certes, Bernard Sauvat est d’une chanson qui ne révolutionne rien, ne bouge pas les lignes. Elle est seulement de la tradition d’une chanson bien faite. Les propos sont généreux, amoureux, humanistes.
En 2018, EPM sortait un double album en public, enregistré au Déjazet, fait de chansons récentes. Là, par cette captation à Barbizon, c’est un survol très partiel de son parcours, en trente titres, qui nous est proposé. Instructif, agréable, même si le temps a un peu altéré la voix. Ça peut nous être d’agréables retrouvailles, pour peu qu’on se laisse aller dans cet enregistrement qui nous est proposé tant par le son que par l’image : le troisième galette de ce coffret est l’entièreté de ce récital en vidéo.
Bernard Sauvat, Récital, 2 cd + 1 dvd, DBM/EPM 2020. Le site de Bernard Sauvat, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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