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Mory Kanté, 1950-2020

Mory Kanté (photo non créditée)

Mory Kanté (photo non créditée)

Manu Dibango, Tony Allen, Idir, aujourd’hui Mory Kanté, le printemps africain est cette année meurtrier, qui décime comme jamais ses chanteurs et musiciens. Le griot électrique s’est éteint de cette longue maladie dont on dit rarement le nom. A Conakry, dans son pays.

Griot il est, d’une famille griot : la fonction est héréditaire, le destin est écrit. Initié tout gamin aux rituels traditionnels, au chant et au balafon, il est de toutes les fêtes traditionnelles et autres cérémonies. L’Afrique d’alors est parfois poreuse qui laisse venir à elle d’autres et multiples influences musicales : la salsa de Cuba, la rumba du Zaïre, la pop et le rock d’on ne sait où… Et l’électricité qui court dans de nouveaux et rutilants instruments. Mory Kante apprend la guitare et tourne son art vers le monde. On le voit jouer dans différents orchestres jusqu’au jour où on lui propose d’intégrer un des plus fameux : le Rail Band de Bamako, dont le chanteur n’est autre que Salif Keita, à qui Mory Kante succède bientôt.

Premier disque de Kanté enregistré à Los Angelès en 1981 : on dira presque que la formule « entre tradition et modernité » à été inventée rien que pour le définir, lui qui aime à marier les instruments trads et ceux électriques. On parlera à son propos de « pont musical entre l’Afrique et l’Occident ». Pour le Centre culturel français d’Abidjan, la star qu’il est en train de devenir monte un grand ballet fait de 75 danseurs et musiciens. Pour autant, c’est en presque inconnu qu’il arrive en France en 1984, pile au moment de la vague afro-musicale qui secoue et fait danser alors l’Hexagone, avec des comme Touré Kounda, Kassav, Salif Keita… De grandes scènes sont offertes à Mory Kanté. La world music est là qui ne peut le surprendre, lui qui l’a quasiment imaginée, inventée, d’abord dans sa Guinée puis dans toute l’Afrique ou presque.

Les radios rediffuseront en boucle son formidable  Yéké Yéké de 1987, immense tube de la sono mondiale, que nous avons tous encore sur nos lèvres, dans nos oreilles. L’Afrique perd à nouveau un de ses grands, de ses géants, émetteur et récepteur d’une musique joyeuse car sans frontières.

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