Julie Lagarrigue, chanson et désir pour thérapies
Elle est en vrai ce que nombre de son confrères de scène le sont par intuition : Julie Lagarrigue est art-thérapeute. Et forcément questionne l’art et la chanson sur ce qu’elle peur apporter aux patients que nous sommes. Nul doute d’ailleurs que ses chansons à elle sont mille fois préférables à certains traitements. Ses chansons pensent et pensent à la fois. J’aime cette idée que les chanteurs pourraient être les fossoyeurs de l’industrie pharmaceutique.
La chanteuse qu’est Julie Lagarrigue a élargi son horizon, faits siennes des sonorités venues parfois de loin : l’oud du Maghreb, les percussions de La Réunion, les guitares brésiliennes rythmes et scandent ses portées, ses rimes : « Je pense à lui, je pense à moi / Au vent du Sud qui rend fou / Pas l’habitude d’approcher le loup / Mais que c’est doux ! »
Envies du loup, désirs de louve… Sur des rythmes chauds, Julie Lagarrigue plaque des désirs qui le sont tout autant. Brûlants, même. Pour peu on dirait « J’voudrais tes mains sur mes fesses / Tes yeux tranquilles et sans confess’ / Ta peau sensible, un peu d’adresse… » L’amour de la passion du corps, du désir, d’autres qu’elles l’ont chanté. Julie capture la musique dans ce qu’elle a de plus magique, de plus hypnotique, pour l’incarner. Ça se nomme Amours sorcières et ne pouvait guère s’intituler autrement, causes aux maléfices. Tout ici tournoie dans l’idée de baisers « juste dans le cou / c’est promis je reste debout ». Lagarrigue à un timbre qui n’est pas sans parfois faire songer à Barbara (on trouvera d’autres influences aussi, mais je vous laisse faire ce boulot-là, à la maison) au velouté comme à la fermeté de sa voix : imaginez ce qu’elle peut chanter de l’amour, du futile au nécessaire, de toutes les nuances, les fragrances… « Je parle comme je sens / Je ne peux m’empêcher de sentir / Je vis au gré du vent / Et les mots sont parfois vampires… »
On pourrait détailler chacun des treize titres, à quoi bon ? Ils sont tous attirants, ce d’autant plus que la dame a un sens qui devient rare dans la chanson : celui de la (belle) mélodie. Ses p’tites ritournelles s’accrochent bien mieux à nous, et nous les fredonnons naturellement. L’air de rien, ça donne envie d’y revenir, souvent, d’autant que l’inspiration, qui souvent file fort la métaphore, est entre toutes désirable, désirée.
Dans ce monde un peu lourd, la légère de l’art de cette Julie (dont, soit dit en passant, c’est le quatrième album), de son propos aussi, est une divine fraîcheur que je ne saurais que vous recommander, vous prescrire comme l’art-thérapeute que je crois être aussi un petit peu. De toute façon, ces vers ne peuvent que faire du bien, en couple comme en solitaire. « Dis, le jardin manque d’eau / Ces derniers jours il a fait chaud / Si nous ne voulons pas qu’il meure / Il nous faudrait planter du cœur / Le temps où nous n’étions que deux / Les nuits d’amour aux amoureux / Il a filé entre nos doigts / Et chacun est rentré chez soi ». Bravo !
Julie Lagarrigue, Amours sorcières, Micro cultures 2019. Le facebook de Julie Lagarrigue, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs à déjà dit d’elle, c’est là.
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