Volo, retours d’expériences
« Il est avec son frère / Ils partent tout à l’heure / Un secret pour son père / La promesse à sa sœur / De protéger son frère / Quand ils seront loin d’ici / La lettre pour sa mère / Pardon, merci »
Volo est un cas à part dans la chanson, une niche sans autre occupant. Ce que ces deux frères chantent est inédit. C’est de l’intime relié au monde. La vie sociale, collective, politique, par le filtre de celle des Volovitch. De deux voix douces, sans heurts, pas sans douleurs. Un chant déchirant, presque plaintif.
Il y a, comme toujours en Volo, cette mélancolie du passé comme du futur, cette peur diffuse du temps présent, ces « particules fines dans l’air du temps », ce mal être, ce chant doucereux qui les exprime. Et cet amour, familial certes, mais plus encore : « ces jours qui finissent par des preuves d’amour ». Il y a cette acuité de l’observation, cette attention de tous les instants, de toutes les rimes. Pas un mot qui ne soit issu d’un regard, d’une question, du retour d’expérience de leur vie, de la nôtre. Et de cette angoisse qui chaque jour grandit, comme si Volo tenait le journal intime d’un monde qui se meurt d’indifférence, d’irresponsabilité. « Se donner du courage / Sous les pavés la plage / Sur mon bout de trottoir ». S’il reste un jour des historiens pour écrire cette époque, la comprendre, qu’ils écoutent Volo. Qu’ils lisent leurs paroles, leurs mélodies, comme le carnet de bord d’avant, des pages qui certes suintent l’amour mais trahissent le moral. D’ailleurs même l’amour a ses doutes, ses limites, sa tolérance, sa sagesse. Sans coups, avec intelligence, comme dans Depuis quand, depuis que la femme a un amant.
Des guitares, une batterie qui plus encore percute le verbe, le filet de voix qui devient déferlante de mots, de ceux qui relatent et philosophent de concert. « Un peu de ce qu’on a tenté dans tout ce qu’on imaginait / Un peu de ce qu’on a raté dans tout ce qu’on envisageait… »
L’écoute de Volo a toujours été confortable, qui caresse l’oreille. Et la flatte de mots sensibles, de douceur infinie. Ce n’est pas la première fois que nous le disons aussi : les frères Volo sont sans doute parmi ce qui se fait de plus important, de plus intelligent dans la chanson. Comme les cinq disques précédents, celui-ci l’atteste.
Volo, Avec son frère, At(h)ome 2020. Le site de Volo, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.
En ces temps confinés, se procurer un tel disque ne peut passer que par l’achat par correspondance. Vu de ce que nous savons des conditions de travail des salariés d’Amazon, sans aucune réelle protection mise à leur disposition contre le Covid19, nous vous encourageons à vous priver de cette enseigne, déjà peu encline au strict respect du droit du travail, encore moins aux avancées sociales.
Merci pour ce beau et juste commentaire.
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et on peut écouter ce disque magnifique à satiété
C’est vrai, Vriz, que je trahis là ma culture de l’objet disque : je n’ai aucun réflexe de téléchargement. Mais tous savent, je le crois, que ça existe aussi.