Baptiste Dupré, de la montagne et du vaste monde
Souvent l’arbre cache la forêt et, disons-le tout net : il n’y a pas qu’un seul et unique chanteur en Ardèche, avec ou sans moustache, loin s’en faut. Dans cette montagne (la chanson de Ferrat est ici reprise), Baptiste Dupré est guide accompagnateur de profession. A en sillonner les reliefs, les cours d’eau, les avens… On se dit forcément que de tels et si beaux paysages doivent l’inspirer : « La brume dans les phares / Une douce odeur de tourbe / M’éloigne des heures troubles… » Car notre guide est auteur, compositeur et interprète. Et son répertoire s’en ressent. Si des chansons d’artistes urbains ne respirent parfois que l’asphalte des villes et ne gazent qu’aux pots d’échappements, les siennes soufflent, suintent toutes l’écorce, la mousse, la fougère.
Baptiste Dupré sort son troisième album. Avec, c’est aussi rare que beau, le nom de chaque souscripteur, de ceux qui hululent au crowdfunding, est calligraphié et inséré dans les dessins, la maquette du disque et de son livret : des noms et prolongent les branches d’arbres. Respect.
« Demeurer un instant dans la beauté des choses / La seconde transie aux brumes matinales / S’étire recouvrant les amours hivernales… » Il y a de l’humanité, de l’humilité aussi dans les vers de Dupré : le cadre de vie doit y être pour beaucoup. Une voix gamine (un peu comme Barcella), une poésie de chaque instant, des notes gracieuses, une belle distribution d’instruments (guitare et violon, trompette et percussions vocales, batterie et scie, si si), tout est plaisir et, comme lui « …le temps du bonheur / Je rêve que je vole / Que je rêve quelques heures ». Par Dupré, le terme folk-song reverdit, renaît ; ses chansons se prêtent bien à être reprises (à quand leur parution dans des carnets de chants, s’il en existe encore ?) à tout bout d’chant.
Beaucoup d’artistes arrivent « sur le marché », à nos oreilles, sans grande identité. Baptiste Dupré, lui, n’a pas attendu cet album pour imprimer sa marque, son timbre, sa douce inspiration, propice au rêve, à la mélancolie : « Coule la rivière / Emporte avec toi / Jusque dans la mer / Les pleurs de Lola ». Douce sur album, à la manière des reliefs ardéchois, un peu plus pêchue en scène, cette chanson est estimable, faite de petits rien, de petites choses qui « tissent le bonheur / Elle se déposent, sur le fil des heures ».
Baptiste Dupré, Petites choses et vaste monde, Ariane productions 2020. Le site de Baptiste Dupré, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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