Paul (Barbieri), l’album de l’amour fou
Sauvé dans Lancer de disque
Tags: Nouvelles, Paul, Paul Barbiéri
Quand vous êtes en train d’écouter, presque à la chaine, des artistes qui, tous ou presque, font dans les vents dominants, les airs convenus qui jamais ne remettent en cause les formats du moment, mettre sur la platine le premier disque (qu’un EP a précédé deux ans auparavant) de Paul Barbieri est bienvenu, rassurant. Un piano-voix, même si, sur certains titres, y a tripette de cordes, parfois de clarinette, de batterie et de percussions. Une voix sans filtre, qui ne fera pas tabac : c’est déjà fait, rauque à souhait. L’ambiance pourrait être celle d’une nuit de fumées, d’alcools et d’amour, d’une fatigue remise à plus tard. Juste au moment où l’esprit vagabonde dans le réel : « L’alcool et la fumée / Nous font rire / Du monde désenchanté / Qu’en finit pas d’crever… »
Un dialogue entre l’homme et son instrument qui suggère l’audace, implique la confidence. Corps et cœurs se fondent… Pour mieux parfaire le tableau, les éléments s’en mêlent : « L’orage gronde / Dehors / Et c’est sous les trombes / Que mon cœur sec jusqu’alors / Succombe… » Entre deux disques, il a perdu son nom pour ne garder que son prénom. Ne vous fiez pas au titre de celui-ci, The love album. Il est sorti avant le Brexit, quand c’était encore permis de titrer ainsi, dans cette langue alors partenaire. C’est un album d’amour, en français dans le texte, dans la bouche et la géographie des corps. De trop d’amour. Paul (Paul Barbieri) se produit volontiers sous l’intitulé « Paul et les Opportunistes ». Si ce n’est le quatuor intact sur le premier titre, comme un rappel, un résumé, c’est un duo entre Paul et le pianiste et compositeur Thomas Valentin sur cet opus intimiste, qui doit particulièrement s’apprécier « bien installé, tranquillement » comme me le suggère Paul, « avec un whisky » ou « Je te veux entre deux vodkas / Et ton petit nez rouge / Je te veux à la bière / À Munich en Bavière / Dans un enclos de porcs / Je te veux dans la bouse et au Soleil luisant / Je te veux dans la suie / De mon appartement / Dans la poussière grasse / De mon grand lit froissé ».
J’ai lu quelque part que « le répertoire de Paul Barbieri est à déconseiller aux déprimés ayant envie et besoin de se remonter le moral ». Eh ben non, même pas vrai, même pas mal. Il est pour ceux qui aiment le plaisir, celui qui déroute, qui déraille. Il est là pour l’onctuosité. L’amour y est déraison qui se lite et se délite, qui s’abreuve et nous enivre. « Mon Amour / Mon tendre amour liqueur de bois noir / Rose du désespoir / Ô poison / Mon doux poison… »
Entre chansons passions et langoureux récitatifs, The love album est un délicieux opus qui nous donne envie de l’envie. Et plus encore le désir d’amour, celui du verbe, celui des corps. C’est dire si nous vous le recommandons.
Paul, The love album, autoproduit 2019. Le site de Paul, c’est ici.
Ce soir 5 mars 2020 à Strasbourg aux Savons d’Hélène, demain 6 mars à Sélestat (plus dégustation) à La Raison du Raisin, autres dates sur sa page.
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