Louis Chedid, l’élégance toujours
Chaque nouvel album de Louis Chedid est un événement et, ni plus ni moins que les précédents, celui-ci n’y échappe. D’autant plus que ça faisait un septennat qu’il ne nous en avait pas proposé un nouveau. Depuis Deux fois l’infini, en 2013 : trois fois l’éternité donc !
Chaque album le voit reprendre son propos interrompu, ses humbles réflexions sur la vie. Son faible pour l’amour, son humanisme. Sa voix si douce et ses musiques oxygénées qui, quelque soit le propos, sautillent, trépignent : une pop qui n’est pas née de la dernière pluie et qui a l’intelligence et la respect de ne pas couvrir son propos. De l’art de parler grave avec légèreté, avec nonchalance. Dès l’entame du disque, la rupture se chante, résignée, sur un air de samba : « Je ne dirai plus nous / Mais moi je avant tout / A partir d’aujourd’hui / Je me passe de vous ».
Chedid ne chante paradoxalement qu’en plans serrés où les lèvres presque se touchent, ou au contraire en plans larges, des panoramiques où, malgré que « la vie continue sa route », on danse « sur les décombres / De la vie qui s’en va / Plonger dans la pénombre / Fantôme d’opéra… »
« L’âme buissonnière / Le cœur léger / Flottait dans l’éther / L’éternité / Perçait le mystère / Trouvait le clef ». Cet album est comme un traité de philosophie, un manuel de savoir aimer, savoir vivre, savoir mourir : « Voyageur, avec ou sans bagage / Il est l’heure de partir / Pour le grand voyage ». Si, mauvais idée, la camarde venait à le faucher avant son prochain album, on prendrait nombre de ces nouvelles chansons pour serein testament. « Mais si tout ça n’était que le début d’autre chose… »
Rien que des titres avec la mélancolie naturelle que toujours secrète Chedid. Des vers et des notes qui sont velours pour l’oreille, dont les mots vont loin en vous, portés par de voluptueuses mélodies. Du beau travail, comme à l’accoutumé.
Hors ceux en public, c’est le vingt-et-unième album du fils d’Andrée, père de Mathieu, depuis ses Balbutiements (c’en étaient) de 1973 : pas loin d’un demi-siècle de chansons pour une œuvre aussi singulière que familière, sincère, émouvante. Pas besoin d’aller feuilleter les pages de la rousse pour trouver la juste définition à Louis Chedid, c’est lui qui l’a trouvé en ce juste autoportrait : « Comme un chasseur de papillons / Je cours derrière les émotions / En allant le plus loin possible / Sur les chemins de l’invisible / Là où le cœur bat la mesure / L’air devient de plus en plus pur / Une impression d’apesanteur / Qui remet les pendules à l’heure ».
On peut isoler tout ou presque des vers de Chedid : tout est délectable, mémorable, mémorisable. Tout nous ressemble, tout nous rassemble. Comme ce « Tout ce qu’on veut dans la vie / C’est qu’on nous aime / Même si c’est pour la nuit / On prend quand même (…) Qu’on s’embrasse / Qu’on s’enlace / Main dans la main / Face à face ».
Louis Chedid, Tout ce qu’on veut dans la vie, Le Label/[Pias] 2020. Le site le Louis Chedid, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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