All.b faux défaut, vraie liberté
18 janvier 2020, le Petit Duc, Aix-en-Provence, co-plateau avec Jérémie Bossone
Découverts en décembre 2018 par l’équipe du Petit-Duc à La petite scène, scène ouverte aux jeunes talents, voici venir après Jérémie Bossone ce groupe d’Aix-Marseille à l’énergie rock qui sous-titre son spectacle « Défaut de fabrication ». Entendre qu’il ambitionne de laisser « des brèches ouvertes à l’inattendu ».
Après avoir échafaudé moultes suppositions sur le sens de ce All.b – qui ne pouvait qu’être anglo-saxon compte tenu de l’air du temps – du style all pour tous ou tous pour un, et .b pour band, bit ou à la rigueur bel, je me suis aperçue qu’il s’agissait simplement de l’abrégé/initiale des prénoms et nom de son chanteur, Allan Besset. A ma décharge Allan est un prénom anglais ! Allan est également le chanteur du quintet marseillais funk rock Old factory, qui a déjà publié en 2017 un six titres tout en français autour de La vieille usine.
Il se trouve que le but avoué d’Allan est de partager, diffuser et aider à la création de projets musicaux en français. Ce qui ne peut que nous plaire pour un groupe de jeunes qui ambitionne une énergie (ô combien) rock, tendance jazz, tout en chantant les émotions humaines, amours, colères, addictions, « doutes, déceptions, extases ». Au départ en trio avec Lucas Cortes au cajon, accompagné de Quentin Lavergne au saxophone alto, qui partage avec Allan l’écriture et la composition, il est actuellement en quatuor avec le bassiste Erwin Biber et Pierre Desormeaux à la batterie.
Pari tenu pour ce groupe qui allie des textes de belle tenue à une ambiance musicale bien personnalisée. Un saxophoniste dans un groupe de rock ? Ce n’est pas moi qui m’en plaindrais, il illumine le groupe, le jazzifie, l’explose, le libère. Et parfois hurle, monte les gradins pour chauffer encore la salle : « Respire ! » Une guitare acoustique ? Elle électrifie tout autant le public, et joue aussi en douceur « Un nouveau cœur souverain ».
Madame M, issu de l’album d’Old factory a un parfum de Bashung. La musique dissone, prend des airs de bossa, enfle en force. Et « Avant de crever / J’aimerais bien / Marcher sans fin / Dans le cimetière des arlequins », sur ses roulements de tambour, fait parfois penser à Brel.
« Je préfère arriver nulle part / que n’être jamais parti » définit bien la démarche du groupe. Elle repose sur une musique à suspense, des solos de saxo qui déménagent, une urgence à laquelle participe l’expressivité du chanteur. Belle intensité dramatique de Mon petit cœur qui dénonce la drogue ; satire virulente et drôle de notre humanité de Petit homme. L’ambition d’une chanson presque métaphysique, absconse, invoquant la caverne de Platon, composée pour ce soir, Seuls les braves, où la basse met l’ambiance. Et une fin douce, sur une batterie subtile : Tout va bien !
L’article sur Jérémie Bossone, c’est ici.
La page facebook de All.b, c’est ici.
Peut-être là-bas, filmé au Petit-Duc en décembre 2018
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