Matéo Langlois, un indien dans la ville

Matéo Langlois © Florent Hodel

Issu d’une famille de musiciens, un oncle poète, une maman chanteuse de jazz et conteuse, aimant la musique free, le jazz, le rock, l’électro, les mots et les musiques sans frontières ni barrières, aussi à l’aise au saxophone qu’au clavier, Matéo Langlois est un jeune artiste qui ne s’enferme dans aucun interdit. Entre introspection et humour, poésie, slam ou conte, il déploie sa jeune énergie pour interroger et séduire, et ça marche, puisqu’il est déjà couvert de prix .

Prix d’écriture Claude Nougaro en 2016, c’est à partir de ce moment qu’il a cessé d’être seulement musicien pour devenir chanteur ; Prix Magyd Cherfi à Pause guitare, et Lauréat du Mégaphone tour avec le Pic d’or 2019, il vient d’être sélectionné parmi les sept finalistes du Prix Georges Moustaki pour son cinq titres, Décoder les cases, vingt trois minutes mais tout d’un grand, sorti à l’automne 2019.

Une identité particulière, une musique jazz matinée d’électro, une voix immédiatement reconnaissable, voilée, pouvant partir dans les hauteurs, il atteint le difficile équilibre entre une écriture poétique et une musique inventive, quasi expérimentale. Il n’est que d’écouter ce texte lu, doux, pressant : « Partir / Ça met le cœur en liesse / Profondément / J’aquiesce ». La tension monte, de ces petites notes électro répétitives, à ce cri, tel un jeune Louis Arti, ce hululement sauvage sur fond de musique, comme une transe électronique déphasée qui ressemblerait à une guimbarde, comme de modernes chants chamaniques : « Parce que je sais que le cosmos n’en a pas rien à foutre / Et qu’il sait bien qu’on existe / D’ailleurs, c’est pour ça qu’il insiste / Tous les soirs à travers ma fenêtre il appelle / A partir / Hoooo Yes / Yes ».

Refusant d’être enfermé dans une catégorie, d’être encodé, décodé, il mêle gargouillis de bulles prêtes à s’éclater, électro et mélodies balancées, entêtantes, pour se jouer des mots et des interdits : « C’est pas très carré tout ça on peut pas caser tout ça / Ta peinture est belle tu devrais l’encadrer […] Et des cases, et des codes, et des cases / déphasées ».

Sa voix peut avoir l’urgence de celle de Valérian Renault, quand il espère pouvoir corriger les aléas de la vie comme on bifferait des fôtes d’orthographe : « Vivre, si c’était comme un livre / On pourrait sauter les chapitres, les passages trop douloureux ». Sur scène, nous dit-on, il est dansant, bondissant, prêt à sourire de ses ratures…

Au piano, au clavier, au saxophone, aux percussions, Mateo assure tout. Il faut écouter ses boucles en superposition, ses onomatopées, claquements de bouches, surimprimés sur sa voix qui s’envole : «  Ô je. Jeu de cartes et d’identités / Je ne me laisse plus parler ». Symboles parfait de « Tout ce que je suis ».

Sa musique sait faire naître des plans cinématographiques, dans les bas fonds de la cité, de noires séquences de films réalistes qui lui suggèrent de belles images : « Tous les matins il sucre son café avec de l’amertume ». Dans cette ville qui gonfle et qui craque, l’angoisse suinte : « Le goudron va finir par salir ta poésie ».

Matéo est libre, c’est un indien… On attend avec impatience un album complet !

Matéo Langlois, Décoder les cases, EP Absilone (2019). Le site de Matéo Langlois, c’est ici.

Matéo Langlois est en concert le 8 février au Festival détours de chant Espace Bonnefoy à Toulouse avec Joel Favreau. Il fait partie des sept finalistes du prix Georges-Moustaki 2020 pour cet album, avec Brune, Francœur, Abel Chéret, Andoni Iturrioz, Melba et Théophile. Le public peut voter ici où à la finale le 20 février, réserver ici. 


Enregistrements au Pont des artistes le 21 novembre 2019 (avec également Bastien Lallemant et Bertrand Belin)
Les fôtes d’orthographe

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