Ignatus : un CD qui parle au cœur et à l’esprit
« C’était dense, chaud, fragile, soudain ». En quelques mots Ignatus (Jérôme Rousseaux dans le civil) revient sur une expérience menée à bien d’octobre 2018 à juin 2019 dans le cadre d’un projet culturel et artistique accueilli en hôpital psychiatrique et de santé mentale. L’EPS (Établissement public de santé) Barthélemy-Durand (dans l’Essonne, en région parisienne) intègre depuis sa création des projets artistiques et culturels. Pour la saison 2018-2019, l’heure était aux musiques actuelles et à la chanson. Le projet musical placé sous le titre incitatif « Parfois la vie est douce» faisait suite à un appel publié par l’Agence régionale de santé (ARS) et la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) dans le cadre du programme Culture et Santé en Ile de France. Ajoutons à cela l’association avec Le Plan, une salle de musiques actuelles de compétence communautaires, et l’équipe est en place aux côtés d’Ignatus, auteur, compositeur, spécialiste des haïkus musicaux, et Michel Schick, musicien, compositeur.
Plusieurs fois par mois tout au long de cette saison de création à l’hôpital, Ignatus, pratiquant des ateliers d’écriture depuis deux décennies, a réuni des groupes composés de patients et de soignants autour d’ateliers d’écriture. « Je déambulais également dans les services de l’établissement à la rencontre des patients ». Une dizaine de chansons sont nées ainsi au fil des jours où se conjuguent les mots pour le dire. « Se confronter ainsi aux autres permet de se donner de la confiance. Tout le monde est un peu artiste. Il suffit d’un coup de pouce » assure Ignatus bien décidé à poursuivre ce rendez-vous écriture sous une autre forme. Sylvie Franceus a co-signé plusieurs textes où se traduit humour et sens de l’image : « J’ai pas, j’ai pas / Les mirettes de Rihanna / Les gros seins de Pamela / La guitare de Carla / J’ai pas, j’ai pas / Et alors, ça fait quoi d’pas avoir tout ça ? / On s’en fiche de ces blablas, on s’en fiche ». Elle aime préciser que cette expérience a aussi changé un peu sa vie : « Ignatus a bâti une sorte de kiosque, un jardin musical dans un hôpital pour gens fragiles, fragiles de l’âme et de partout. Alors on a entendu des flonflons et le crissement des crayons sur les tableaux d’écriture et sur les feuilles de papier. Il y avait des corps qui tremblaient, des pieds qui gigotaient tout seuls et des bouches qui fredonnaient et les cœurs semblaient palpiter autrement, comme enchantés, ravis par celui qui faisait de chaque tessiture, de chaque corde, une joie, même petite, même minuscule. Il venait de Paris, c’est pas si loin Paris, c’est si loin Paris, juxtaposait les talents, en faisait des confettis, des féeries et tant pis pour le tintamarre parce que, c’est vrai » Parfois la vie est douce ».
Un satisfecit aux côtés encore d’une autre des plumes de cet atelier, Aline Blois : « Une note pour tous / Un tempo à la vie / Une note pour tous / Un ode à la joie / Une note pour tous / Un regard à l’espoir / Une note pour tous / Dans une ronde finale ».
Un CD sorti en novembre 2019 réunit sept de ces chansons enregistrées dans les studios du Plan. Ont participé à cet enregistrement : Philippe, Julien, Michael, Sylvain, Michel, Jérôme, Sylvie, Aline, Jean-Claude, Cedrick, Marine, Jessie, Aurélie et Laurence. Le CD a été tiré à 500 exemplaires.
Parfois la vie est douce. En écoute sur le site La Souterraine. Le site d’Ignatus, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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