Emile Proulx-Cloutier « Les cités grises »
Je marche et marche dans ma ville d’hiver
Puck étourdie cherche filet désert
Minuit frissonne et la foule hurlante
Puppe la pilule du lendemain qui chante
Des vies ardues, des vies ardentes
Des vies cousues de files d’attente
Font l’amour en cachette,
Font l’amour en jaquette
Des rires coulent aux abords des tavernes
Speaker au max, ti-cœurs en berne
Le dernier match qu’ils ont vu,
La dernière fille qu’ils ont bue
On vit au cœur des cités grises
Emile Proulx-Cloutier
Paroles et Musique Emile Proulx-Cloutier. Extrait de l’album « Aimer les monstres » (2013)
Comme Emile Proulx-Cloutier est très peu connu en France, peu importe l’album choisi pour y piocher des diamants bruts. Je n’ai pas exploré tout l’album, les chansons écoutées au hasard m’ont enchantées chacune à leur manière.
Il y a celle-ci, qui combine une poésie sonore typiquement québécoise, une vision historique engagée (la question des natifs de la Belle Province semble récurrente chez lui), une mélodie à la Satie qui finit en un choral d’un lyrisme plein d’émotion, dans une pièce de huit minutes, telles ces compositions des grands groupes de rock des belles décennies 60-70. Et qui s’enchaîne sur cette merveilleuse ballade-berceuse, Mayday, qui semble bien douce, mais dont le message est déchirant. Les sonorités des mots n’y sont pourtant pas oubliées. « Y’a des jeux beaucoup beaucoup / Mais la peur au coin du mur / Lâche sur moi son chien fou / Oui parfois la joie me heurte / Dans les fuites, les fêtes, les flirts / Les médailles que je voulais / Pendent là comme des boulets / Et j’avance à la dérive / Jusqu’à ce qu’amour s’en suive ».
Pas étonnant chez cet artiste qui a d’abord été musicien (piano, violon) avant d’être comédien puis de se découvrir une passion pour les mots et la poésie, et de commencer l’écriture en 2009. Chansonneur il est, comme on dit si joliment là-bas, depuis 2011, où il a récolté sept prix lors de sa première participation au Festival de la Chanson de Petite-Vallée.
Mais Proulx-Cloutier est aussi diseur percutant, dans un rythme proche du rap, une phrase au hasard, il faut tout lire de ce pamphlet virulent, Race de monde : «T’as la vue courte et pis c’est pas d’ta faute / Faut qu’tu plantes ta poutre dans l’œil des autres / Un cri de barbare retentit sur tes tracks ».
S’il nous faut pour l’instant nous transporter au Québec pour l’écouter sur scène, rien ne nous empêche d’écouter ses deux albums studios, le dernier, paru en 2018, s’intitule Marée haute et nous vous avons déjà présenté la reprise qu’il y fait, Maman, adaptée de l’emblématique Mommy. Ou d’écouter l’album enregistré Sur Scène au théâtre Outremont, histoire d’avoir une idée auditive de sa prestation scénique.
On devrait en reparler.
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