Dimoné « L’amorce »
Et est-ce que c’est toi, Jiminy sur l’épaule
Avant que je rentre dans la nuit
Je ne ferai pas de bruit
Eh, est-ce que tu crois
A ce qu’on ne voit pas Jiminy
Moi j’ai le temps pour l’amour
Dimoné
Paroles et Musique Dominique Terrieu (Dimoné). Extrait de l’album « Mon amorce » (2019)
Vidéo réalisée par Florent Dubois. Où on retrouve Jiminy sur l’épaule et un feu d’amour perçant !
Dans cet album paru en février 2019, Dimoné est rejoint par un jeune groupe de rock de Montpellier, Kursed, actifs depuis 2015, dans un registre anglophone classe et énergique .
Deux fois aussi jeune que les musiciens qui pourraient être ses fils, il prend d’emblée la main avec la mise en abîme de C’est nickel, dirigeant la prépa d’un enregistrement : « Ça va se casser la gueule, ça tient plus à rien ».
Puis pose la question essentielle : « Chanson, tu es née où ? (…) Où vas-tu ? – Au bord du monde », et nous propose une solution : « Je te garde mes poings, vas-y, prends mon chagrin ».
Reprenant La grande allée – de son album précédent Epris dans la glace – qui vibre de toutes les cordes de ses guitares, il nous embarque dans ses Pages sombres, cornées, sur un rythme entêtant, emballant, détonant, nous fait voyager vers ce Nord, cherché, perdu, plié, où il n’ira pas si elle y est.
Reprend encore, avec Maissiat un deuxième titre: « Lyon c’est loin des chemins de soi(e) [...] loin de toi ». Nouant et dénouant l’écheveau de ces soie, coton, nylon, lin et laine, tricotant ses mots avec subtilité sur une cavalcade de western, vers ce calme revenu : « Je suis l’inde -, je suis l’indien, je suis l’un d’eux, je suis l’un de nous, je suis ici, je suis l’en-dessous, l’ailleurs, menteur, à l’autre bout ».
Deux titres déjà forts, qui prennent une nouvelle intensité ainsi tissés de rock. Mais difficile d’échapper à ce Tangue, chanté dents serrées, sur des relations de couple tendues – où on tourne la langue dans la bouche, ou le couteau dans la plaie sur des riffs bien costauds. Jusqu’à prendre La fuite, murmurant doucement : « Est-ce que tu crois que ça me fait peur ? [...] T’étais d’accord pour la fuite, les évasions ».
Faudra (bien) s’y tenir est comme un retour auprès de son arbre, si fin de mots comme de musique, voix douce comme Dimoné sait aussi en user, montant en un rock mélodique et planant, qui vous prend aux tripes : « Pose ton arme près de l’arbre / Ecoute ce qu’il a à te dire ».
Un album aussi vital qu’élégant, où Dimoné nous donne encore la preuve de ses capacités à tirer les mots vers une renaissance permanente, à sublimer ses mélodies dans un rock explosif, entre flammes et tendresse.
Dimoné & Kursed en concert le 29 janvier au festival Détour de Chant à Vieille-Toulouse.
Autres dates sur son site.
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