Barjac 2020 : le programme !
Sauvé dans Festivals, L'Équipe, Vincent Capraro
Tags: Barjac 2020, Nouvelles, Pourchères 2020
« J’aime pas la chanson ! / On peut pas s’y fier / C’est par effraction / Qu’elle préfère rentrer / La v’là qui s’radine / Et dès le réveil / Elle vient en chafouine / Te ronger l’oreille… ». Ces quelques vers débutent J’aime pas la chanson, une chanson de Juliette, notre diva, qui est parmi ce qui se fait de mieux en chanson depuis bien trois décennies. Ce p’tit truc chafouin qui vient chaque jour nous ronger l’oreille, le public de Barjac le connaît bien. Pas particulièrement par ce qu’il lui vient de la radio d’ailleurs (encore moins de la télé) même celle de service public, qui a conchié tout ce que s’y chantait de sensible ou peu s’en faut. « Écoutez la différence » disaient-ils jadis, « Écoutez, ça n’a rien à voir », « Pour ceux qui ont quelque chose entre les oreilles », « France-Inter, la différence »… Les slogans passent puis trépassent ; la chanson est passée par dessus bord, ne reste plus qu’une pâtée assez indigeste et des partenariats intéressés qui corsètent toute programmation et ne laissent plus aucune place à la différence, sauf les jours de grève il va de soi. Merci Varrod & Manoukian ! Devant le public d’amateurs que vous êtes, Philippe Meyer vous dira peut-être ce qu’il pense de ce grand vide qui prédomine sur la station publique, de ce son qui supplante des paroles à présent anémiées.
A découvrir la programmation de Barjac m’en chante de cette année, on a vraiment l’impression d’un idéal de programmation, comme ce qui prévalait effectivement sur Inter il y a quelques années, avant qu’un chanteur n’en prenne un temps la direction et que, sous son mandat, soient détruites toutes les plages consacrées à la chanson. Regardez, écoutez : Michèle Bernard, Renan Luce, Govrache, Louise O’sman, François Buffaud, Jeanne Cherhal, Céline Caussimon, Jean-Pierre Arbon, Entre 2 Caisses, Jean Duino, Pandore, Clément Bertrand, Yoanna… il y a ici un bouquet de chanson rare, précieux, qu’on ne peut écouter ailleurs, qui désormais est impossible ailleurs, si ce n’est de vaillantes petites radios associatives pas encore vendues au grand commerce.
Barjac n’est ni ce village gaulois qui résiste à l’air du temps ni un museum de la chanson. Mais simplement un lieu vivant, où chanter et oser la rime « riche », le propos intelligent, est encore possible. C’est un lieu d’idées et d’émotions, un incubateur de propositions et de futures actions pour qu’ici et là nous, vous, fassions vivre la chanson. En résistance puisque tous les vents sont contraires : les salles et festivals disparaissent ou se vendent au pire bizness, les disques disparaissent, la musique se dématérialise et oublie de rémunérer ses créateurs, les artistes vivent les pires conditions qui soient.
Si le fond de l’air est frais pour cette chanson que nous défendons chaque jour, maussade même, il fait chaud à Barjac. Il est plaisant d’y penser et affûter sur place les outils pour défendre cette idée de la chanson qui nous anime.
BARJAC M’EN CHANTE 2020 le programme
Vos soirées à l’Espace Jean-Ferrat
En préambule, tous les soirs : L’instant des souffleurs de vers. La comédienne Laurence Keel fait partager les grands textes qui ont lié Louis Aragon et Jean Ferrat.
Samedi 25 juillet
Philippe Meyer « Ma radio, histoire amoureuse »
Marie-Christine Barrault et Jean-Pierre Arbon « La Fontaine-Brassens »
Et, à minuit et demi, au chapiteau du Pradet, Les Dézingués du comptoir (entrée libre)
Dimanche 26 juillet
Entre 2 Caisses
Michèle Bernard et Monique Brun
Lundi 27 juillet
Nicolas Jules
Jeanne Cherhal
Mardi 28 juillet
Yoanna
Govrache
Mercredi 29 juillet
« C’est délicat la vie à 3 ! » (hommage à Ricet-Barrier)
Juliette
Jeudi 30 juillet
Clara Ysé
Renan Luce
Tous les soirs, du dimanche 26 au mercredi 29, les « Scènes ouvertes de minuit trente », animées par La Manufacture Chanson .
Le jeudi 30, L’Épilogue gourmand, à minuit trente au Jardin des papotages, avec Le Bal des Martine.
Organisation Association Chant libre, BP 26, 30430 Barjac. Renseignements 07 60 38 66 41. contact@barjacmenchante.org. Le site et la billetterie, c’est ici. Www.barjacmenchante.org
Une certaine idée de la chanson
par Jean-Claude Barens, directeur artistique de « Barjac m’en chante »
L’histoire continue de s’écrire, et nous faisons le constat lucide que les métamorphoses de la chanson sous l’effet des évolutions technologiques et de la mondialisation, sont évidentes. Historiquement lié à la poésie, le texte de la chanson française est aujourd’hui devenu accessoire. Nous sommes passés d’une chanson poétique ou à texte, … à une chanson où les paroles ne font que participer au climat musical. On survole beaucoup sans jamais vraiment se poser
Les artistes qui pratiquent encore cette chanson de paroles existent toujours. Simplement, ils ne sont pas exposés, n’ont plus aucune visibilité, et n’intéressent plus les faiseurs d’opinions.
Mais cette foisonnante diversité culturelle qui croît en dehors du système bâti sur la marchandisation, est une richesse inestimable, dont la prise en compte doit être plus que jamais une préoccupation majeure. Une réappropriation citoyenne et sociale est nécessaire. Barjac m’en chante à la volonté de contribuer modestement à donner un peu de lumière et d’oxygène à celles et ceux qui dessinent les marges de la chanson, à ces fêlés qui laissent passer la lumière. Mais il faut veiller de ne pas en faire un sanctuaire, un lieu de repli. Bien au contraire, il est nécessaire d’associer sous le même toit familial, des artistes qui ont des parcours divers, des points communs pas forcément visibles au premier coup d’œil. De faire des différences, une force. La chanson ne saurait être monochrome. Pour cette nouvelle édition, elle apparaitra riche de ses multiples parures : convoquant Victor Hugo et La Fontaine, célébrant les épousailles du slam et du piano, officialisant sa liaison avec la radio, se laissant habiller par une viole de gambe ou une harpe, nous faisant pénétrer dans l’univers d’une chansigneuse, nous offrant les mots goûteux de Brassens, Perret ou Ricet-Barrier, nous conduisant quelques instants auprès de Piaf, Fréhel et Damia tout en nous servant tous les jours une bonne rasade de vers d’Aragon et de Ferrat. Et sur chacun des sites, tant d’autres propositions vous seront faites. Vous y retrouverez des auteurs qui suent la syntaxe, qui s’appliquent à ce que les mots ne sonnent jamais creux, même si parfois ils osent passer sans honte de la profondeur à un peu plus de légèreté. Cette année, sur les 35 artistes présents, 25 seront à Barjac pour la première fois.
Bon festival à la découverte de tous ces univers !
Merci de m’envoyer les infos !!!