Tryo, les noces d’argent
Ottignies-LLN, La Ferme du Biéreau, 13 décembre 2019,
En 2020, Tryo fêtera ses 25 années d’existence. Cinq quinquennats déjà pour le quatuor infernal que constituent Guizmo, Mali, Manu et Danielito. Un événement à célébrer dignement. Côté disque paraîtra fin janvier un double album, opportunément intitulé 25, composé uniquement de reprises et de duos avec le gratin du show-biz (Zaz, Bigflo et Oli, Renaud, Vianney, -M-, Alain Souchon, Hubert-Félix Thiéfaine, Véronique Sanson…). Côté scène, en prélude à une tournée qui empruntera la route des festivals, se donnera le 13 mars 2020 un grand spectacle plein de surprises dans une toute grande salle parisienne. Tryo est une affaire qui marche et qui, par certains aspects, n’a rien à envier aux autres grosses machines commerciales.
Pour se mettre en jambes et en voix, après deux années passées loin des planches, le groupe a décidé d’honorer la Belgique de deux concerts exclusifs dans deux salles de contenance très réduite eu égard à leur popularité (400 places à tout casser). NosEnchanteurs étaient présents au premier de ceux-ci.
La salle qui les accueille est une ancienne ferme rénovée et transformée en salle de concert. Le lieu est magnifique, avec sa splendide charpente en bois. Le public très nombreux, constitué majoritairement de trentenaires, est bouillant et n’attend qu’une parole des héros de la fête pour laisser exploser sa joie. Ses désirs seront vite exaucés puisque nos quatre comparses – dans leur formule de base : pas de musiciens additionnels pour les accompagner – balancent d’entrée de jeu leur manifeste écolo L’Hymne de nos campagnes, repris en chœur par tous les gosiers.
La couleur est annoncée : Tryo va remonter le temps et passer en revue tous ses faits de gloire. Le groupe enchaîne donc avec quatre morceaux issus de son premier album de 1998 : Salut ô, C’est du roots, La révolution et Babylone. Des titres dénonçant déjà la course folle de l’homme vers sa perte et prêchant la nécessité de faire une pause. Des chansons malheureusement toujours d’actualité, les choses n’ayant guère évolué dans le bon sens depuis leur création. De la partie également, France Télécom, écrite – dixit Guizmo – avant l’invention du portable, et dont on sourit à présent par son message plus que naïf et son aspect démodé (c’est une violente dénonciation de ce redoutable appareil aliénant que fut le bipper !), J’ai rien prévu pour demain, Yakamonéyé et, pour clore ce retour aux sources, La misère d’en face. Huit morceaux d’affilée de leurs tout débuts, c’est dire si le fan de la première heure aura été servi.
La suite verra le groupe mêler les époques : Adulescent, Watson, Toi et moi, Ce que l’on s’aime, Brian Williamson, Greenwashing, El duche de leche… A l’applaudimètre, ce sont toutefois les titres extraits de Grain de sable (2003) qui remportent la palme : l’hypnotique Apocalypticodramatic, l’amoureux Serre-moi, le pugnace Sortez-les et, bien entendu, l’hilarant Désolé pour hier soir (dont il faut reconnaître qu’il se transforme sur scène en une bouillie infâme, le public essayant tant bien que mal de chanter en même temps des paroles au tempo bien trop rapide)…
En guise de rappels, Tryo retournera une ultime fois en arrière avec leur célébrissime hymne à la fumette, La main verte. Qui sera suivi de J’ai trouvé des amis, chanson parfaite pour clore un set prônant l’échange, la convivialité et l’humanité.
La machine des 25 ans de Tryo est donc lancée. Ce tout premier concert faisait bien sûr office de ballon d’essai. En l’occurrence, il nous a semblé trop long (2h10), n’évitant pas les coups de mou. Les boulons gagneraient à coup sûr à être resserrés et il ne serait pas malvenu en particulier que Christophe Mali s’abstienne de ses blagues à deux balles sur Patrick Bruel. Pour le reste, Tryo nous a offert une prestation calibrée, sans prise de risque aucune ni réelle surprise. Des chansons engagées, révoltées ou tendres, avec une dose de colère, deux doigts d’ironie, une rasade d’humour, un grand trait d’écologie, le tout sur fond de reggae et de folk, interprétées par 4 gaillards sympathiques que le succès ne semble pas avoir changés. Ce n’est évidemment pas si mal et leur public fidèle et conquis n’a pas l’air d’en exiger davantage. Est-ce une raison pour ne pas le lui offrir ?
Le site de Tryo, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là. Le cahier photos complet de Vincent Capraro, c’est ici.
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