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Hamon Martin Quintet, la révolution en chantant

Hamon Martin Quintet (photo Jérôme Sevrette)

Hamon Martin Quintet (photo Jérôme Sevrette)

On sait depuis longtemps que le chanson est, en elle même, une ZAD, zone à défendre contre les ravages d’un business musical dont elle est de plus en plus étrangère, indésirable même. Voici un groupe, le Hamon Martin Quintet, résolument à l’écart des modes futiles et passagères. C’est depuis longtemps un de ces groupes emblématiques de la musique à danser de Haute-Bretagne. Déjà six albums à son actif, c’est dire. Et ce septième, qui porte en lui non le souvenir mais la tangible réalité de l’engagement militant de Notre-Dame des Landes.

En 2010, Sylvain GirO écrit, pour ce quintet, Notre Dame des oiseaux de fer, devenu presque hymne contre le fameux aéroport, énorme gâchis aussi bien en matière d’argent public qu’en terres agricoles, mise en danger d’une biodiversité unique offerte par la zone humide, qui est, rappelons-le, la seule en France dont les bocages ont été préservés de la sorte.

De cette longue lutte, de son implication, le Hamon Martin Quintet en a gardé le goût des Clameurs, d’un engagement militant à travers des chansons revendiquant la richesse de la terre, l’égalité des hommes, l’héritage de nos pères et mères, dénonçant là les pouvoirs usurpés, la spoliation des terres et, comme toujours, les intérêts financiers : « Avec Clameurs, c’est un choix délibéré de poursuivre cette voie vers la chanson en tant que vecteur d’une émotion collective ». Émotion au son de la bombarde, de la flûte traversière en bois, du diatonique, du cistre et du violoncelle…

Leur nouvel album est, au moins à la première écoute, surprenant. Fait de reprises de grands classiques de la chanson trad’ – qu’on a découvert ou dans les cours d’école ou dans le folk des années 70 -, reprises de chansons contemporaines de grands auteurs (Leonard Cohen, Georges Brassens, Gilles Vigneault, Glenmor, Brigitte Fontaine, Gaston Couté, Charles Trenet, Paul Fort) et créations pour ce disque par Sylvain GirO et Mathieu Hamon : subtil, le fil rouge et vert se découvre à l’écoute.

big_clameurs-1« Répertoire traditionnel » et « chansons engagées » ne sont pas incompatibles. Parmi d’autres, le travail exemplaire de Marc Robine l’avait souligné, ne serait-ce que par le coffret « Anthologie de la chanson française – La tradition » paru naguère chez EPM. Ce n’est pas autre chose que semble faire ici le Hamon Martin Quintet par ces Clameurs. Et ces seize titres entrent de facto dans le répertoire traditionnel, jolie distinction s’il en est. Pas de surprise, donc, quant à M’en revenant des noces (qu’on connaît sous la variante d’A la claire fontaine), La blanche biche (qu’on trouve chez Tri Yann, Malicorne, Jessica Charland, la version très baroque d’Eric Montbel et bien d’autres) ou La perdrix blanche (thème mille fois ressassé sur les transformations, ne serait-ce que par cette version très proche qu’est Les sept jours de mai, encore par Malicorne). Des chansons sur la magie d’une nature en tout point surprenante, qui toujours se transforme. Qui a visité Notre-Dame des Landes s’y retrouvera, reconnaîtra. À cette tradition s’y ajoute donc l’autre, plus contemporaine, qui semble répondre aux mêmes préoccupations : il est franchement réjouissant d’y trouver Gilles Vigneault (J’ai planté un chêne), Leonard Cohen (La complainte du partisan), Glenmor (Les croisades), Gaston Couté (Nos vingt ans) ou La chanson de Craonne… Que de somptueuses poésies s’emparant de sujets graves, qui elles-aussi nous parlent de résistance, comme à sa manière, anticonformiste, La route aux quatre chansons de Georges Brassens.

« Les mots se bousculent dans ma tête / Comment se battre et comment faire / La révolution en chantant ? » C’est le couplet de Cerises d’amour, une des chansons de Sylvain GirO créés pour l’occasion. Il y a dans ce florilège cette envie de chanter des luttes, les accompagner, convoquer la beauté, résister en chantant. Il y a là un peu beaucoup de Gavroche chantant à tue-tête en haut des barricades, ou plus modestement de ce brin d’herbe de la Fontaine (Brigitte) : « Je ne crois plus qu’en un petit brin d’herbe / Ressuscité au milieu des pavés ». Et le plaisir de retrouver de superbes chansons qui logiquement s’agrègent à la tradition, patrimoine commun pour soutenir et égayer nos luttes présentes et à venir.

 

Hamon Martin Quintet, Clameurs, Coop Breizh 2019. Le site d’Hamon Martin Quintet, c’est iciImage de prévisualisation YouTube

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