Ours : miel pops !
16 octobre 2019, Médiathèque Carnot à Saint-Étienne,
Pour faire place aux artistes comme au public, tout l’espace livres pour enfants de cette médiathèque a provisoirement disparu. Vous me croirez ou non, les gosses sont quand même là, qui plus est assis devant tout le monde, face au chanteur et à son guitariste. Et ils aiment. Le public ? Il est fait des usagers de ce lieu : des cheveux gris et blancs, des parents, des amoureux, des enfants. Ils sont tellement en nombre qu’il fut prudent de réserver pour voir l’Ours dans cette insolite tanière littéraire, non pour avoir sa peau mais pour l’entendre. Juré que le chant de l’Ours est bien joli…
« Le monoï m’ennuie / Ciao le chahut / Le cafard des fanfares… » Rien que le premier titre, soit-dit en passant, fait comme une collection de titres de bouquins, façon bibliothèque verte… Surprise pour beaucoup : le chanteur a le même timbre de voix que son illustre papa. Bon, qu’ils aient le même organe relève des lois de la génétique ; après tout, les chiens ne font pas des chats, les Souchon ne font pas des Bruel… Ensuite, de ce timbre, faut voir ce que Charles (pardon : Ours !) en fait. Du presque pareil, tant dans l’interprétation que dans l’écriture (les mots, les formules, les ellipses…). Même la façon de se présenter au public, modeste et généreuse, faire de suite ami-ami. L’avantage, c’est qu’on reste en famille, familiers.
Le répertoire n’est fait que de petites chansons, souvent engluées de mélancolie, du style « Dans quel état sera mon cœur / Si tu danses ailleurs… » Ou celle-ci, play ouverte, plus touchante encore : « Comment c’est ton quotidien / Avec ce mec à qui tu tiens / A chaque fois qu’on m’donne de tes nouvelles / J’prends l’air intéressé / Mais, tu sais, c’est cruel ». Des petites chansons dont on fait miel. Ours a cet art familial d’en quelques mots dresser un tableau, une tristesse, des regrets. Tout n’est cependant pas du même ton, quelques titres sont plus légers, plus toniques aussi, genre « Secouez-moi secouez-moi / Sinon la pulpe elle reste en bas » qu’il fait reprendre à un public très volontaire. D’autres empathiques et solidaires, comme ce portrait d’un entre deux continents : « Il a une boussole ou l’aiguille s’affole / Afrique et Métropole / Un pied sur chaque sol / Il entend des sons / De violons, de bassons / Son cœur s’emballe à fond / A cause des percussions / C’est l’histoire du grand noir avec une chaussure blonde / Un pied en Côte d’Ivoire et l’autre à Bois Colombes »…
Ours est à la guitare sèche, Romain Preuss à la basse et aux percussions : la complicité entre les deux est évidente, fraternelle. Les notes un peu pops coulent de source, en harmonie. Les mélodies sont faciles à reprendre.
Seul bémol : les prestations d’Ours en de tels lieux sont plus courtes qu’un concert. Dommage car on en prendrait bien plus. C’est sûr que ses disques vont s’emprunter ici, histoire de prolonger le plaisir, faire à distance plus ample connaissance, s’instruire de l’évidente succession.
Le facebook d’Ours, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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