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Robinsonne, quête de l’amour

Robinsonne (capture d'écran)

Robinsonne (capture d’écran)

« Solitaire amazone / Echouée dans la marge / Je lance des messages / Et signe Robinsonne ». Tous les titres de ce nouvel album de Robinsonne (son troisième) se conjuguent à la première personne. Au féminin. Et à l’amour, qui est ici comme en recherche. C’est une goualante portée par une voix faite de sincérité et d’émotion, une voix forte qui se sait rien du minaudage, qui n’est pas là particulièrement pour séduire mais convaincre : et c’est réussi. Quand je dis goualante, c’est sans parenté aucune avec des Damia ou Fréhel, que du reste Robinsonne interprète dans un spectacle, Les Scandaleuses. De tels consœurs vont bien à Robinsonne, elle qui en est un peu l’exacte contraire, insoumise qu’elle est. On imagine d’ailleurs ce que donnerait Le Tango des sanglots, chanson nouvelle de Robinsonne, dans la voix et le répertoire de ces vieilles dames-là : « Pourquoi fuient-ils dès qu’on les aime ? / Moi je ne comprends rien aux hommes… »

Donc, une amazone solitaire. Et des hommes qui (la) fuient. Tout ce disque est tant qu’une confession intime qu’une recherche. Une quête d’amour. « Tu m’plait / Je sais bien qu’tu t’en fous / Que j’suis pas à ton goût / Que j’te fais pas d’effet / Mais tu m’plais ». Plaie ouverte, déclinée tout au long des douze plages. Même dans la reprise de Barbara Weldens, À mes flancs, même dans cette autre et superbe Chanson pour Anne : « Tu peux bien te vanter / Des cœurs que tu ranimes / Dans des ver(re)s à six pieds ».

0015866288_10Tant de chanteuses cherchent, par des artifices et des recettes bien trop faciles, comment conter et compter l’amour pour flatter l’audimat, que c’en est réjouissant de voir, d’écouter, une artiste authentique, franche, qui nourrit et nuance ses chansons d’un vécu, de la complexité de l’humain, presque de déraison. Les sillons de cet album creusent profond pour y trouver trace ou gisement d »amour : « Au bord des sentiments / Qui me creusent le ventre / Je m’embraque au levant / Sur de frêles rencontres ». Heurts, bonheurs et malheurs, l’amour ou l’absence d’amour se cognent à chaque rime. Qu’on peut lire orphelins de musique, sur le livret, tant les vers tiennent le coup. Ou écouter sur des notes et orchestrations qui ne sont pas là par pur hasard, en des tonalités blues, jazz, flamenco, folk aussi impliquées que l’est la patronne. De la viole de gambe à la trompette, de l’accordéon aux guitares, violoncelle, contrebasse et batterie, ce sont six musiciens qui font ici chorus au chant déchirant de Robinsonne.

On peut facilement s’enorgueillir d’avoir une telle pièce dans sa discothèque. Que vous pourrez ranger à côté de celui de Barbara Weldens : elles sont sœurs ou je n’y connais rien.

 

Robinsonne, Vie privée, autoproduit 2019. Le site de Robinsonne, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Contact : 06.07.79.90.16 Image de prévisualisation YouTube

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