Namur 2019. Vendredi sur Mer, comme une nouvelle vague
Les Solidarités, Namur, 25 août 2019,
Au vu du nom sur l’affiche, nous pensions partir à la découverte d’un groupe. Tout faux : Vendredi sur Mer, c’est le pseudo adopté par une jeune Suissesse de 24 ans, Charline Mignot, dont le premier album, intitulé avec à-propos Premiers émois, est sorti au printemps. Et c’est un vent de fraîcheur qui a déferlé sur Namur en ce début de soirée dominicale.
Le fond de la scène est recouvert d’une immense tenture argentée, dont les plis peuvent évoquer la mer, ou la plage quand celle-ci s’est retirée. Pour décor, un trône orné d’un immense coquillage s’affiche crânement au centre, tandis que l’avant-scène est parée de deux boules blanches, semblables à des perles. En jeans et tee-shirt blanc, les quatre comparses de la chanteuse s’avancent. Deux hommes et deux femmes, parité respectée (c’est si rare dans le milieu musical !). La première paire se positionne derrière les deux claviers-boîtes à rythmes qui rythmeront à eux seuls la quasi-totalité du spectacle, la seconde prend place de chaque côté de la scène et se fige. Voici alors la chanteuse qui fait son apparition, dans une élégante combinaison noire. Elle ouvre le show par Lune est l’autre, un morceau assez lent, peu mélodique, aux paroles mystérieuses, déclamé plus que chanté : Maintenant les femmes dansent / En ronde autour de moi / Et c’est dans un silence / Que je sors du coma. Et hop, nous tombons instantanément dans ses filets.
La seconde chanson donnera vraiment le ton du concert : Je veux faire l’amour / Sur cette plage au vent salé / Et comme au premier jour / Nos corps entrelacés. Durant une heure, il ne sera question que d’amour. Pas vraiment de l’amour éthéré et romantique, mais surtout de l’amour charnel, qui remue le corps autant que l’esprit. Chaque chanson de Vendredi sur Mer est comme une page de son journal intime, dans lequel elle décline ses chagrins, ses angoisses, ses envies, ses rancœurs. Sur des rythmes électro, elle pratique un parlé-chanté qui rappellera Jackie Quartz aux anciens, ou la Françoise Hardy de Message personnel. Des instantanés d’émotions, pas toujours bien écrits (elle nous chante quand même sans rire un truc aussi basique que Il est évident que je l’aime / Le soir je prie pour qu’il revienne / Trop tard / Il ne répond plus à mes appels !!!) mais qu’on devine sincères.
Si on peut légitimement avoir quelques réticences sur les chansons elles-mêmes, la scène les fait oublier. D’abord par la scénographie. Car le couple de tout à l’heure, qui n’avait pas bougé durant le premier morceau, se révèle être deux redoutables danseurs, qui vont dynamiter l’affaire par leurs chorégraphies aériennes portées par la grâce. Le concert en devient presque un spectacle de danse moderne. La chanteuse n’est toutefois pas en reste. Avec un sourire ravageur, Charline déborde d’une énergie hautement communicative qui emporte tout sur son passage. Qu’importe si le répertoire n’est guère consistant encore, elle nous interprète sa musique pop avec foi, plongée tout entière dans son monde teinté de sensualité. Comment ne pas craquer, n’en déplaise à tous ceux – ils sont nombreux sur Internet – qui se moquent de son physique si éloigné des canons habituels de la chanson populaire ?
Vendredi sur Mer doit et va encore mûrir, c’est certain. Mais on peut lui décerner un coup de cœur dès à présent.
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