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Barjac 2019. Aron’C, l’art et la manière de séduire Barjac

Aronc, Liz Van Deuq, Garance et Franck Halimi (photo Luc Allegier)

Aronc, Liz Van Deuq, Garance et Franck Halimi (photo Luc Allegier)

1er août 2019, Chapiteau du Pradet, festival Barjac m’en chante,

 

« Alors pour planter le décor, voici deux hommes de trois fois rien / Chasseurs de rêves ou chercheurs d’or, pour qui la vie est un festin / Prêts à vous décrocher la lune, des cathédrales dans les mains / A vous faire croquer la fortune, avant de partir au matin… » Rien que dans cet extrait (de L’art et la manière), percent des influences, dans le texte comme dans les notes et la façon de les agencer. Nous sommes avec Aron’C, une chanson rock qui ne cache pas ses racines chanson, bien au contraire. Ils sont de Barjac même et Aron aime ici à le dire. Qu’importe d’ailleurs, il faut bien naître quelque part. Mais parce qu’ils sont d’ici-même, pour la première fois à ce festival on voit nombre d’ados et de gamins parmi le public. Réjouissant et prometteur !

Pour faire les beaux sur leur nouveau digipack (leur quatrième album, lire l’encadré), Aron Cohen et Thomas Cousin se sont vêtus de chic, presque de choc. Et ça me manque pas de classe. Ils portent ces mêmes costumes sur scène, pour faire raccord avec les photos. Mais c’est quasi canicule sous le chapiteau, sous les projos, qui plus est avec l’énergie qu’ils déploient. Ça sue. Mais la musique est bonne.

ARON’C, L’ÉMOTION À QUATRE MAINS . Douze ans et quatre albums plus tard, Aron Cohen et Thomas Cousin , vrais frères d’art sinon de naissance, ont acquis l’art et la manière de conjuguer rock et chanson sans problème déontologique, de réveiller notre esprit d’aventure tout en prenant la vie comme elle vient. Il serait facile de dire qu’ils sortent l’album de la maturité, pourtant il y a de ça, tant le duo est rôdé, les voix fusionnelles (Le ciel peut nous attendre), même si pour le coup celle d’Aron est toujours en tête, éraillée et vibrante et plus ronde en même temps. Dès la première chanson ils donnent le défi : « On ira danser, on fera pas comme tous les autres (...) mais sans se vendre et piétiner ce monde usé / Pour en disperser les cendres ». Si la musique est brillante,la mélancolie est au coin des chansons, mêlant l’intime et le monde autour d’eux, très écrites, très poétiques « Et je fuis de port en port, regarder la nuit tomber / Sur les champs en mal d’aurore, au fond des vals ensanglantés / Moi j’irai cueillir encore des chrysanthèmes », cri désespéré et en même temps morceau de rock virtuose. Qui contraste avec la balade à l’accordéon, Dans la ruelle : « Y’a pas que des larmes au ghetto, y a d’la romance sur le trottoirs / Y’a des seigneurs du caniveau et y’a des poètes au comptoir ». Et pour nous émouvoir, la belle montée de Mes mains, ma guitare digne des plus grands songwriters anglo-saxons, avec le discret harmonica. Si Tu l’emporteras est chant de séparation entre déchirure et menace, l’espoir pointe d’une Otra vida, mêlant douceur voyageuse et exotisme chaud d’un refrain hispanique. Les préoccupations sociales restent présentes avec ces deux chansons toujours d’actualité, même si les termes changent, La nuit debout et le collectif L’intermittent. Tandis que l’angoisse de la feuille blanche inspire le joli texte de Nuit d’ivresse... Aron’C, L’art et la manière, autoproduit 2019. CATHERINE LAUGIER

ARON’C, L’ÉMOTION À QUATRE MAINS
.
Douze ans et quatre albums plus tard, Aron Cohen et Thomas Cousin , vrais frères d’art sinon de naissance, ont acquis l’art et la manière de conjuguer rock et chanson sans problème déontologique, de réveiller notre esprit d’aventure tout en prenant la vie comme elle vient. Il serait facile de dire qu’ils sortent l’album de la maturité, pourtant il y a de ça, tant le duo est rôdé, les voix fusionnelles (Le ciel peut nous attendre), même si pour le coup celle d’Aron est toujours en tête, éraillée et vibrante et plus ronde en même temps. Dès la première chanson ils donnent le défi : « On ira danser, on fera pas comme tous les autres (…) mais sans se vendre et piétiner ce monde usé / Pour en disperser les cendres ».
Si la musique est brillante, la mélancolie est au coin des chansons, mêlant l’intime et le monde autour d’eux, très écrites, très poétiques « Et je fuis de port en port, regarder la nuit tomber / Sur les champs en mal d’aurore, au fond des vals ensanglantés / Moi j’irai cueillir encore des chrysanthèmes », cri désespéré et en même temps morceau de rock virtuose. Qui contraste avec la ballade à l’accordéon, La ruelle : « Y’a pas que des larmes au ghetto, y a d’la romance sur le trottoirs / Y’a des seigneurs du caniveau et y’a des poètes au comptoir ». Et pour nous émouvoir, la belle montée de Mes mains, ma guitare digne des plus grands songwriters anglo-saxons, avec le discret harmonica.
Si Tu l’emporteras est chant de séparation entre déchirure et menace, l’espoir pointe d’une Otra vida, mêlant douceur voyageuse et exotisme chaud d’un refrain hispanique. Les préoccupations sociales restent présentes avec ces deux chansons toujours d’actualité, même si les termes changent, La nuit debout et le collectif L’intermittent. Tandis que l’angoisse de la feuille blanche inspire le joli texte de Nuit d’ivresse...
Aron’C, L’art et la manière, autoproduit 2019.
CATHERINE LAUGIER

Aron’C est à lui seul un jeu de pistes, jeu de mémoire : on y trouvera des tas d’indices suggérant autant de titres célèbres, de noms d’artistes et plus encore. Comme un carrefour, un croisement, un melting-pot. Mais c’est d’abord et surtout une matière étonnement vivante qui, en prélevant sa dîme à des chansons, des artistes, des groupes (Louise Attaque, Noir Désir, Mano Solo et bien d’autres), aux genres, dans un folk-rock métissé (parfois très rock, parfois moins), fait paradoxalement œuvre originale. Et franchement désirable. Les textes sont bien bâtis, les mélodies jolies : ça ne peut que séduire en ce lieu si particulier, si exigeant…

Et ça fonctionne, le public est acquis. On s’étonne juste que ces deux-là, devant nous, puissent tout faire ou presque. Il est vrai qu’Aron est simultanément guitariste et batteur. Et que Thomas semble pouvoir tirer tous les sons et plus encore de sa telecaster…

Concert de fait exceptionnel, car à Barjac, qui donc leur ouvre grande la porte. Qui plus est avec des invités : en fait des intermittents. Précisément sur le titre L’intermittent, ça tombe bien, une chanson rien que pour remettre les pendules à l’heure, « c’est tellement plus facile de taper sur l’intermittent… ». Sur scène donc, avec nos deux amis : Garance, Liz Van Deuq et… Franck Halimi, ce dernier que nos lecteurs connaissent pour être une des plumes de ce site, moins peut-être comme intermittent du spectacle qu’il est l’essentiel de son temps et plus encore.

Tout a d’l'allure ici, et c’est fête. Le public est dedans, dans cette chanson-là. Le ticket Barjac s’est avéré gagnant : c’est beau d’être maillot jaune à domicile !

MICHEL KEMPER

 

Le site d’Aron’C, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.

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