Barjac 2019. Anne Sylvestre, chanteuse de nuit
Sauvé dans En scène, Festivals
Tags: Anne Sylvestre, Barjac 2019, Nouvelles
Lundi 29 juillet, Scène du château, troisième partie de soirée,
Récital de fait exceptionnel, que l’orage n’a su annuler, tout au plus reporter de vingt-six heures. Récital de nuit, donc. Précieux. Sérieux et follement décontracté, rieur, désopilant parfois. Retrouvailles en ce lieu mythique qui est un peu chez elle, comme patrie. Elle est heureuse, le dit. « On se connaît un peu j’espère / Le chemin qu’il nous reste à faire / A pris l’allure d’un rendez-vous ». Rencart singulier sous les étoiles pour cette dernière de la tournée « 60 ans de chansons », juste avant de revenir, dès le 19 septembre à La Cigale, avec un nouveau spectacle fait pour partie de nouvelles chansons. Elle n’en dévoilera qu’une ici, qui doit [pour l'heure] rester secrète, déluge d’émotion, de sensibilité, dont l’ultime chanson de cette nuit, Le lac Saint-Sébastien, partagée avec Marion Cousineau, fera presque écho. Mais, voyez, je divulgâche déjà la fin… Revenons au récital.
Elles sont quatre sur scène. Quatre artistes, quatre femmes, quatre amazones. La chanteuse et sa triade : Chloé Hammond aux clarinettes, Isabelle Vuarnesson au violoncelle et Claude Collet au piano. Talentueuse assemblée.
60 ans de chansons, oui, mais ce récital a l’intelligence de ne pas se prendre pour pot-pourri, addition de chansons les plus célèbres. Non, si on ne connaît pas Sylvestre par cœur, si on ne possède l’intégrale discographique, on pourrait même croire, à quelques titres près, qu’Anne ne nous en offre que des nouvelles. En fait, ce sont anciennes et récentes chansons, connues un peu beaucoup ou restées dans l’ombre on se demande bien pourquoi. Un parcours à l’intérieur d’une oeuvre. Avec la Femme pour personnage principal. « J’avais un cœur, on me l’a mis en croix / On l’a cloué sur les portes des granges / Et l’hirondelle en chouette se change / En enfilant les aiguilles de bois / Voici mon cœur, tout le monde le voit… »
L’air de Barjac a cette fraîcheur qui n’est pas due qu’à l’épisode pluvieux de la veille. Non, avec vivacité, avec résolution, Sylvestre est là qui pourfend, qui guerroie de ses mots, qui de ses rimes féminines bouscule le monde, le remet à sa place, redonne à la fille, à la femme sa part du gâteau. Anne Sylvestre fait à nouveau galerie de personnages, d’anonymes, de modestes. Ici une qui fait la gueule ; là ce couple de guingois dont la vie et l’amour furent un beau malentendu. Et cette autre, porté par l’envie « de faire des vagues et que ça bouge / que le ciel devienne rouge », de « tout casser, rien qu’un fois ». Les mots d’Anne Sylvestre sont comme les pinceaux et brosses des peintres qui, par touches de couleurs, fussent-elles parfois toutes les nuances de gris, fixent des vies d’hommes, ici de femmes, dans les servitudes et injustices comme dans leur grandeurs. Le trait est toujours précis, la couleur exacte. Comme celle, Violette, qui a vécu sa part de drames. Comme Eve, dans un sans faute, même si on la dit faute originelle. Des toiles, vous dis-je, où la femme est le centre, le motif. Une qu’on aimerait souvent ravalée aux tâches domestiques, à philosopher dans les bassines, dans la cuisine, à qui la chanteuse rend souvent la liberté… Et, toujours, la dignité, tant dans les mots que dans l’interprétation.
Les spectateurs de septembre auront pour eux l’immense artiste qu’est Sylvestre, dans sa rentrée parisienne. Qu’on imagine alors sérieuse, grave, inquiète peut-être. Là, à Barjac, ce fut l’envers, l’autre Sylvestre, presque la copine, formidable de simplicité, follement drôle. Un concert collector dirons-nous : un bonheur pour cette cour du château, cette Esplanade Jean-Ferrat, qui n’avait jamais été aussi peuplée que cette nuit. Une nuit où, par elle, toutes les émotions, tous les sentiments se sont rencontrés, mutualisés, presque fécondés.
Le site d’Anne Sylvestre, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
La p’tite hirondelle
Violette
J’y étais et je ne peux que vous remercier pour la manière dont vous racontez cette merveilleuse soirée. Merci pour vos mots, merci de prolonger ce moment de bonheur pur. Ce sont des moments comme celui-là qui donnent envie de vivre encore un bon but de temps pour, qui sait, revoir et entendre encore de magnifiques chansons d’Anne. Bravo et encore merci.
Nous y étions également!
Une fois de plus ,Anne a su nous embarquer (elle aime tout ce qui touche à l’eau et aux bateaux!)pour un beau voyage!
La qualité de ses chansons soutenue par sa merveilleuse « triade »a crée une véritable communion avec le public
L’émotion liée au plaisir étaient au rendez-vous de cette belle rencontre .
Bravo Madame Anne,comme l’appelle son amie Michèle Bernard à laquelle nous avons bien pensé ,avec un pincement au coeur.
merci à toute l’équipe du festival (techniciens,organisateurs et tous les bénévoles) sans laquelle nous n’aurions pas pu vivre ce moment si fort .merci aussi à toi Marion qui a partagé avec Anne le lac saint Sébastien! Evelyne