Spa 2019. Je d’mande M’mzelle Angèle

Angèle à Spa (photo CD)

Francofolies de Spa, 21 juillet 2019,

Question : face à un succès fulgurant comme le sien, peut-on encore juger la prestation d’Angèle comme celle d’une autre débutante ? Les dés ne sont-ils pas pipés et notre vision faussée par cette donnée ? Car la réalité objective est là : il n’y a même pas 3 ans, personne n’avait jamais entendu parler d’Angèle et celle-ci a donc logiquement tout à apprendre encore de son métier. Mais lorsque l’on fait l’objet d’un tel engouement et que l’on se voit forcée de faire ses classes dans les plus grandes salles de spectacle ou sur les grandes scènes de festivals, devant 15.000 personnes comme ce soir, comment pouvoir répondre sereinement aux attentes, forcément plus élevées ? Passer de la case départ à la ligne d’arrivée en si peu de temps peut provoquer des dégâts collatéraux.

La scène est peu encombrée : une batterie et un synthé juchés chacun sur une estrade, qui fera aussi office de réceptacle à projections vidéo. Angèle fait son apparition, une mitraillette à la main, et c’est parti pour un premier succès, La thune. Toutes les chansons de Brol, son premier album, seront de la partie. Ajoutez une reprise de T’es beau, titre de Pauline Croze, et vous aurez la set-list de la soirée. En une petite heure, la messe sera dite.

Ce soir, la moyenne d’âge du public a considérablement chuté. Beaucoup d’enfants et de jeunes adolescent(e)s sont venus garnir les rangs des francofous. Premier concert de leur vie probablement et des étoiles plein les yeux. Ils connaissent par cœur tous les tubes de la jeune vedette, qu’ils chantent d’un bout à l’autre, le sourire aux lèvres. Peut-être devrions-nous ne retenir que cela, cet instant de bonheur que la chanteuse aura su offrir à son public.

Le spectateur averti s’en contentera pourtant plus difficilement. Pas que l’on ait passé un moment pénible, loin de là. La chanteuse, bien que visiblement réservée, est sympathique en diable, ses chansons pop ont un minimum de fond et sont agréables à écouter et le spectacle se laisse somme toute regarder, à défaut de passionner. C’est toutefois un goût de peu qui nous reste en bouche.

PENDANT CE TEMPS-LÀ
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Les Dalton Telegramme nous avaient enchantés avec Sous la fourrure, épatant album de chansons folk aux accents country. Un son réjouissant, venu des grands espaces américains et assez rare sous nos contrées. Leur concert de ce dimanche soir était l’occasion pour le groupe de nous présenter maints extraits de leur nouveau CD, dans les bacs le 20 septembre. De prime abord, la variété des ambiances musicales qui y est de mise s’est faite au détriment de l’originalité de leur univers initial. Le concert restait toutefois des plus entraînants et on attendra donc d’avoir écouté la galette pour se faire une idée de la direction prise par le groupe. (photo DR)

On ne peut ainsi que saluer la volonté d’Angèle d’apporter un plus à ses chansons, qu’elle ne se contente pas de seriner pour le plus grand plaisir de ses fans. Elle s’est donc entourée de 4 danseuses, qui viennent sur la plupart des titres dynamiser l’affaire. La chanteuse met la main à la pâte en esquissant quelques pas en leur compagnie. Ces chorégraphies sommaires ont le mérite de rendre le show plus visuel, mais ne dépassent guère le niveau du spectacle de fin d’année d’une école de danse ou d’une prestation télévisée le samedi soir. Cette mise en scène a pour effet indésirable de bloquer notre artiste, qui, concentrée à l’extrême, semble ne pas profiter du moment et ne se lâche en aucune façon. Le show s’avère donc professionnel, mais froid et sans grande émotion.

Soyons toutefois de bon compte : Le public n’a pas paru partager ces réticences et a réservé un bel accueil à notre vedette en herbe, qui de La loi de Murphy à Tout oublier (en duo avec une vidéo de Roméo Elvis), en passant par Balance ton quoi ou Tes yeux, a aligné ses titres pop comme autant de cartouches de sa mitraillette factice.

Le spectacle d’Angèle est la démonstration éclatante que briller sur disque et dans des clips à millions de vues ne fait pas forcément de vous une bête de scène. Laissons-lui le temps de grandir, sans pression excessive, et de prendre le recul nécessaire pour s’épanouir. C’est certainement le meilleur conseil à lui prodiguer. Mais sera-t-il entendu ?

Le facebook d’Angèle, c’est ici ; celui de Dalton Telegramme, c’est là.