CMS

Off Avignon 2019. Lionel Damei, le Monsieur qui est Barbara

Lionel Damei Photo ©Joseph Caprio

Lionel Damei Photo ©Joseph Caprio

12 juillet, Atelier le Florentin

 

Lionel Damei fut, est toujours, un petit garçon qui se prend pour Barbara.
Pas évident en le regardant, crâne lisse, corpulence et taille élevée, mains expressives qui occupent l’espace. Pourtant dès qu’il conte les douleurs et les bonheurs de Barbara, et sa relation si forte avec son public « Se mettre en quatre et même en cent / Pour mieux faire battre le cœur en grand », l ‘effet et saisissant, toute logique abolie.

Lionel Damei n’est pas un interprète ni un imitateur de Barbara. Il est Barbara. Sa voix est à la fois haute et forte, charnue, avec des vibrations et des changements de tonalité qui vous saisissent et vous emportent immédiatement.
Ses propres chansons se mêlent si intimement à celles de Barbara que le jeu pourrait être de distinguer : chanson rare de Barbara, qui nous aurait échappé, ou chanson de Lionel Damei ?

Car, sauf pour cet Aigle noir qu’il ne peut manquer, où c’est lui, le petit garçon, ou un autre tout pareil, qui voit le rapace passer, recroquevillé sur lui-même, son choix s’est porté sur les plus rares pépites du répertoire de Barbara …

Pascale Giraud ©Joseph Caprio

Pascale Giraud ©Joseph Caprio

Celle qu’elle-même chanta avec esprit à ses débuts à L’Ecluse, de la précurseuse Yvette Guilbert, D’elle à lui « Ça c’est une chose qu’une femme n’oublie pas  ». Le violoncelle de Pascale Giraud s’y fait seconde voix qui répondrait, discuterait avec celle de Lionel…Lionelle. Car Barbara aimait la satire et la dérision, il n’est que d’écouter l’incisif Monsieur Capone *. Qui rime avec Madison, dédiée au père de Lionel qui aimait les vacances sur la Costa Brava…

On voyage en des lieux chargés de souvenance, sur Vol de nuit, sorte de slam filmesque , porté par les cordes frappées du violoncelle « Aéroport / Du bout du monde / Fin de tournée / Avion retard (…) Drôle de pilote / Et drôle de tête / On va tomber » enchaîné avec son propre voyage à Lausanne d’où il écrirait de longues missives… Les Marquises de la lettre à Brel, où flotte le souvenir de Gauguin… Son orient à lui, l’orientale El Jadida, dansée en épure, où il nous fait tant penser à Guidoni.

On remonte le temps, années 80, l’espoir suscité par Mitterrand ( Regarde…), mais surtout les années sida, qui lui inspirent cet A bouche que veux-tu, « C’est la mort que j’embrasse / Pour qu’elle me débarrasse / De tout le superflu »  enchaîné avec les premiers vers de Sid’amour à mort de Barbara. « Si s’aimer d’amour / C’est mourir d’aimer / Sont mourus d’Amour / Amour Sidannés ». La liste des artistes disparus s’étend… Au danseur Jorge Donn, qui dansa le Soleil face à la Dame de la nuit Barbara, dans Je suis né à Venise de Béjart, il donne en hommage une chanson poignante et brûlante, un dernier boléro aérien, vie et mort mélangées, dans une danse sur place, pour tous les petits garçons dont on froissa Les Ailes en chiffon..

C'est avec respect qu'on foule le sol de cet ancien atelier de sculpteur dont le portail sculpté donne sur la rue Guillaume Puy, lieu permanent qui accueille depuis cinq ans des spectacles de théâtre ou de chanson. La salle est un Théâtre de poche de 49 places, scène de bonne taille, rideau de velours noir et fauteuils rouges qui créent tout de suite une atmosphère favorable au voyage dans le temps et dans les âmes. Chanteur à la voix ronde et claire tout à la fois, on a vu Lionel Damei en première partie d'artistes exigeants comme Arthur H, William Sheller, Leny Escudero ou Juliette Gréco, dans un univers poétique et une musique allant du classique au jazz et même au rock, chanteur, comédien, danseur, avec l'accordéoniste David Venitucci et le contrebassiste Philippe Soriano. Ou avec la danseuse Sylvie Guillermin , Homme traversé  par l'amour  et de la mort, d'où surgit la Beauté...

C’est avec respect qu’on foule le sol de cet ancien atelier de sculpteur dont le portail sculpté donne sur la rue Guillaume Puy, lieu permanent qui accueille depuis cinq ans des spectacles de théâtre ou de chanson. La salle est un Théâtre de poche de 49 places, scène de bonne taille, rideau de velours noir et fauteuils rouges qui créent tout de suite une atmosphère favorable au voyage dans le temps et dans les âmes.
Chanteur à la voix ronde et claire tout à la fois, on a vu Lionel Damei en première partie d’artistes exigeants comme Arthur H, William Sheller, Leny Escudero ou Juliette Gréco, dans un univers poétique et une musique allant du classique au jazz et même au rock, chanteur, comédien, danseur, avec l’accordéoniste David Venitucci et le contrebassiste Philippe Soriano. Ou avec la danseuse Sylvie Guillermin , Homme traversé par l’amour et de la mort, d’où surgit la Beauté…

Et puis l’Amour… Parce que, mais aussi son absence, Seule, ou qui aurait pu être, Cet enfant là. Vivant poème, écrit par Jean-Louis Aubert pour le dernier album de Barbara
Un sommet, si tant est qu’on puisse parler de sommet dans un spectacle aussi aérien de bout en bout, que ce duo sur La ligne droite, chanson de Georges Moustaki que Pascale interprète d’abord dans sa version à lui, laissant ensuite Lionel la chanter dans la version de Barbara… Version intégrale telle qu’elle la reprit dans son album Amours incestueuses, mais où les genres s’inversent.
Il faut souligner l’accord scénique de ses deux là, la façon dont Pascale accompagne Lionel de sa voix douce, expressive, en écho, en fusion, en réponse ou en solo, toujours juste, telle une auréole soulignant la personnalité baroque de Lionel. Grande musicienne tant au piano, dont les notes coulent ou déferlent, qu’au violoncelle, pincé, frappé, frotté suivant les moments, déchirant, profond, blessé jusqu’à la dissonance.

Une vision habitée, épurée, qui rend grâce au texte comme à la musique, à la comédie comme à la danse, à la vie comme à la mort, dont on sort sur un nuage, un envol qui pourrait se résumer dans le titre chanté en rappel : L’amour magicien.

 

* que lui écrivit François Wertheimer « l’homme en habit rouge », sur des arrangements de William Sheller.

 

Le site de Lionel Damei, c’est ici.

Lionel Damei, MonsieurBarbara, 28 rue Guillaume Puy, 20h30 les jours pairs jusqu’au 28

A bouche que veux-tu, texte Lionel Damei & Sid’amour
Image de prévisualisation YouTube
L’amour magicien
Image de prévisualisation YouTube

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives