Spa 2019. Increvable Dionysos
Francofolies de Spa, 18 juillet 2019,
On était sans nouvelles de Dionysos depuis leur Vampire en pyjama de 2016. La surprise fut donc grande de les voir annoncés à l’affiche de ces Francofolies 2019, alors que leur retour discographique n’aura lieu que dans quelques mois. L’envie de retrouver leur public les taraudait-elle à ce point ? Pas question pourtant de faire le difficile, tant un concert de la bande à Mathias Malzieu est toujours une promesse de défoulement intense qu’il serait bien sot de refuser.
Leur participation à la fête spadoise 2019 n’aura pas fait exception. Les cinq membres du groupe font leur apparition sur la musique de Star Wars, s’emparent de leurs instruments (guitare, basse, batterie et claviers : classique et solide !) et démarrent sur les chapeaux de roues. Malgré ses 25 ans d’âge, le groupe en a toujours sous la pédale et est bien décidé à nous démontrer que le rock and roll, ça conserve. Faut dire aussi que la prestation habitée du chanteur relève aussi de la performance sportive. Très élégant en nœud pap’ et costume trois pièces, bien que coiffé d’une casquette incongrue, Mathias Malzieu semble remis de ses ennuis de santé : comme au bon vieux temps, il saute tel un cabri, au point d’en déchirer son pantalon, parcourt la scène dans tous les sens, s’avance vers le public pour le galvaniser et au final, se jette dans la foule qui, enthousiaste, le balade à bout de bras (N.B. : cette pratique se surnomme le Stage diving et a été mise au point par Demis Roussos, qui ne l’aura toutefois tenté qu’une seule fois !).
Les chansons, mi anglaises mi françaises, parcourent le vaste répertoire du groupe : Coccinelle de 1999, Mc Enroe’s poetry ou Song for Jedi de 2002, Miss Acacia et Neige de 2005, sans oublier Tais-toi mon cœur, extrait de leur fameux Mécanique du cœur (2007), où Babet, la claviériste-violoniste du groupe, reprend le rôle d’Olivia Ruiz de manière troublante, tant leurs voix sont pareilles… Aucune période n’est oubliée, jusqu’à ce Sirène à Paris, nouvelle chanson disponible pour le moment uniquement en téléchargement, pendant musical du roman éponyme de Mathias paru en février 2019. Le concert s’achève en apothéose par une reprise musclée du Heroes de David Bowie, que le public reprend en chœur sans se faire prier.
Voir Dionysos en 2019, c’est se replonger dans les années 1990-2000, lorsque la formation mettait le feu partout où elle passait et se posait en groupe-phare du rock français, elle qui avait l’honneur d’être produite par des pointures comme Steve Albini ou John Parish. Si l’énergie est toujours là et continue à faire du bien par où elle passe, avouons pourtant que leur musique a chopé un côté vintage inattendu. C’est qu’à l’heure du tout électro, la formule classique du mur de guitares paraît un peu dépassée et le punk-rock a pris des airs préhistoriques. L’âge moyen du public ne trompait d’ailleurs pas : où étaient donc passés les moins de 30 ans ? C’est toujours difficile à admettre : les artistes de notre jeunesse vieillissent aussi !
Le site de Dionysos, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
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