Spa 2019. Suzane, avec un seul n, comme dans « talent »
Francofolies de Spa, 18 juillet 2019,
Connaissez-vous Suzane ? Cette nouvelle venue est très représentative de la manière dont la chanson peut se développer aujourd’hui. Apparue il y a un an à peine sur les réseaux sociaux, portée par un buzz d’enfer, elle est à présent de tous les festivals, sans avoir encore de disque derrière elle, mais juste un E.P. de 4 titres paru il y a 3 mois. Qu’elles semblent loin les années de galère évoquées dans le « Je m’voyais déjà » d’Aznavour…
Le succès de Suzane s’explique avant tout par la qualité de ses chansons et des clips qui leur servent de support. S’engouffrant dans la voie royale ouverte par Stromae (sans aucun doute le chanteur qui a la plus grande influence actuellement !), la chanteuse nous propose, dans un univers cohérent et coloré, des morceaux électro entraînants au service de textes pas mal tournés, qu’elle interprète avec conviction d’une voix puissante. Aucune raison de faire la fine bouche.
Restait à voir si l’essai scénique allait être transformé. Il l’est au-delà de toute attente, tant la jeune artiste de 28 ans fait déjà preuve d’une maturité impressionnante. Dans une tenue bleue et blanche rappelant celle qu’elle porte dans ses clips, Suzane occupe seule la scène, armée de son synthé/boîte à rythmes. Les musiques sont préenregistrées, qu’elle ponctue de temps à autre d’interventions manuelles. Pour le reste, elle affronte le public micro à la main et occupe l’espace comme une grande, chaque chanson se voyant dotée d’une chorégraphie originale aux senteurs de danse contemporaine. Ça bouge, ça pulse, ça moonwalke et c’est réjouissant de bout en bout.
D’autant que la belle ne chante pas pour ne rien dire. Se définissant comme une « conteuse d’histoires vraies sur fond d’électro », ses chansons donnent dans le portrait (L’insatisfait, sur un aigri chronique, ou Anouchka, la fille si belle et si hautaine), dans l’autobiographie (Suzane, ou l’histoire d’une serveuse de restaurant qui se rêve à l’Olympia), dans la dénonciation Girl Power (SLT, sur le harcèlement dont sont victimes les filles, dans la rue, au travail ou sur le Net) ou dans l’humour sarcastique (Pas beaux (les kilos) ou La flemme). On ajoutera à cela une reprise énergique du Laisse tomber les filles de France Gall, millésimé 1964. Le tout donne un concert de ¾ d’heure qui file bien trop vite.
Suzane trouve incontestablement l’oreille des jeunes d’aujourd’hui, et en particulier des jeunes filles. Une génération prête à prendre son destin en mains et à ne pas s’en laisser conter, résolue à obtenir cette égalité tant recherchée. Mais il n’est pas interdit aux plus anciens de l’écouter et de l’apprécier également. De toutes façons, vous n’y échapperez pas : le succès est en marche, tel un rouleau compresseur. Avec son premier disque annoncé pour la fin de l’année, nul doute que Suzane deviendra incontournable. Mais quand le talent est au rendez-vous, qui s’en plaindrait ?
La page de Suzane, c’est ici ; le facebook de François Bijou, c’est là. Et celui d’Arty Leiso, c’est là.
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