Pourchères 2019. Moitié Marie d’Épizon, moitié Barbara
6 juillet 2019, La Chansonnade, Pourchères (07),
Ça fait longtemps qu’elle se produit en scène mais, va-t-on savoir pourquoi, son nom reste encore bien trop confidentiel. Lui offrir une programmation en vedette, ce samedi soir de festival, c’est lui reconnaître une valeur assez inestimable et c’est avoir raison. C’est sûr que Marie d’Épizon vient d’être ajoutée aux favoris de pas mal d’amateurs de chansons à la suite du magnifique florilège qu’elle vient de nous offrir : moitié d’Épizon, moitié Barbara. La bergerie de secours (car il pleuvait fort sur la grand’route…) avait rarement connu tel charme (il en est passé, pourtant), telle qualité d’écoute.
Trio en scène. Marie d’Épizon sus-nommée, avec Thomas Fontvieille à la guitare et Michel Altier à la contrebasse. Pas d’effets de manche, de mise en scène, rien que de la sobriété. Une silhouette frêle, une voix qui s’impose, douce et affûtée, musicale déjà. Ses chansons sont en elles-mêmes des tableaux, des portraits-paysages aux couleurs et textures différentes. Blanche et froide comme la neige, rose-bonbon comme l’amour, multicolores comme les palettes de Matisse et de Vlaminck entrevues dans un repli du temps, comme ces fleurs d’automne qui se déboutonnent, ces « îles dorées de l’enfance / sous le soleil des alizées ». L’œuvre de Marie d’Épizon tisse de ses mots et ses notes des émotions impressionnistes baignées d’ombres et de lumière. Par elle, la scène est cimaise. Toiles évocatrices, qui parfois ajoutent à elles d’autres teintes, indociles, révoltées. Un des grands moments est ainsi cette Sirène de Lampedusa, qu’elle dédie à Carola Rackete, cette « délinquante allemande », capitaine du Sea Watch 3, qui en sauvant des réfugiés a défié le cynique Matteo Salvini : « Bien loin des murs et de la haine / On entend pleurer la sirène / Du prince de Lampedusa ».
Et Barbara donc. Tout en douceur, en pleins et en déliés. Joyeux Noël, Le soleil noir, Cet enfant là, Les insomnies, A mourir pour mourir… Drouot « Froissant quelques billets, du bout de ses doigts nus / Quelques billets froissés, pour un passé perdu ». Et Mon enfance que, sur cette même scène, Jérémie Bossone chantera aussi le lendemain : « J’ai mis mon dos nu à l’écorce / L’arbre m’a redonné des forces / Tout comme au temps de mon enfance… » De toute beauté. Rien que d’écouter Marie d’Épizon reprendre la longue dame brune, c’est un peu la consolation, pour beaucoup, de ne pas avoir vu Barbara en scène.
Dernière chanson en hommage à une autre chanteuse pour l’heure en convalescence : Michèle Bernard. Avec l’interprétation, sensible, précieuse, bouleversante même, de Maria Szuzanna… Ovations. C’est bouche bée qu’on quitte cette bergerie, la tête baignée d’une étrange et envoûtante mélodie. Le long silence d’après est encore et pour longtemps du d’Épizon.
Le site de Marie d’Épizon, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
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